Après avoir fait la connaissance de ses adorables parents, jolie et délicieuse maman effervescente, papa un brin rêveur, je comprends mieux la sensibilité et la délicatesse de cet artiste aux multiples facettes.
J’adore ces rencontres fortuites avec des personnages hors du commun, simple et vrais, qui ont quelque chose à raconter, à montrer. Je connaissais Jordi mais n’avais jamais eu l’occasion d’entrer dans son monde, de découvrir son talent … ses talents, empreints d’une grande sensibilité.
Un point commun avec le célèbre Obélix…. Certes pas son physique. Non. Mais, plutôt, un plongeon dans la potion magique quand il était tout petit. Une potion magique bourrée d’art, de beauté, de loufoquerie, de délicatesse aussi.
Jordi est arrivé en République Dominicaine en 1991, avec ses parents, il avait 14 ans. Il vit à Las Terrenas depuis de très nombreuses années, sans grande envie de s’en échapper. Aussi loin qu’il puisse s’en souvenir, il a toujours gardé dans ses poches, collectionné des objets hétéroclites, caillou, bois, capsules, morceaux de fer, de plastique, plumes, feuilles, coquillages ….pour en faire quelque chose, leur donner une nouvelle vie. Au début, ce n’était que balbutiements, mais peu à peu, cet artisan de la récup s’est imposé comme un véritable artiste. *
Jordi est un touche à tout, la preuve, il a quand même exercé pendant 7 ans, avec beaucoup de succès, le difficile métier de tatoueur. C’est un stupide accident, lui ayant fait perdre trop de sensibilité dans la main qui l’a contraint à arrêter cette activité. Il faut dire que les accidents, Jordi les a cumulés durant toute sa vie. Car, non content d’être un artiste, le bonhomme a quand même été champion de Rep.Dom. de…… moto-cross. Un casse-cou ce Jordi, sensible, artiste, mais casse-cou.
Ses dessins, il les esquisse à l’aide de cendre, d’encre, de sable….. ses masques sont des galons de plastiques déformés, étirés, maltraités, et ses sculptures métalliques, chef-d’œuvres de férraille n’ont rien à envier à un Giacometti. J’adore ses animaux, crabes géants ou moustiques délicats, faits en tout ce qu’il a pu trouver pour les confectionner et ses beaux bijoux en fils d’aluminium. Il aime aussi travailler la résine dans laquelle il incruste vis, boulons, clous, capsules de soda. Jordi a tout un réseau dans le village qui lui récupère des bouchons, des bouteilles de plastiques, des circuits électroniques, des vieux clous…. Il y a peu de temps, le bel XO de Las Terrenas hébergeait une étonnante expo de négatifs de célébrités peintes en résine dans de la résine. Aujourd’hui, une nouvelle idée a germé dans son esprit en permanente ébullition. Des pendentifs de cadrans de vieilles montres usagées ou de mini circuits imprimés avec inclusion de bois et de résine. C’est innovant, surprenant, déroutant et surtout très beau.
En voilà un qui n’a pas attendu la mode pour faire de la récupération son matériau de prédilection. Après des expos dans tout le pays, il rêve de franchir les frontières et de faire découvrir son Art, dans d’autres contrées.
Je lui ai lancé un défit qu’il relèvera, j’en suis sûre. Au Brésil, je suis tombée en amour pour les superbes luminaires d’une jeune artiste. De délicieux objets tout en finesse, en délicatesse, en poésie, beaux et colorés réalisés à partir de bouteilles en plastique, ornées de pampilles tintinnabulantes, de perles, de rubans. …. Une merveille. Sera-t-il capable de m’émouvoir à son tour en créant avec tous les matériaux à sa disposition d’aussi émouvants objets de déco. Suite au prochain épisode.
Bravo Jordi ce fut un grand plaisir de papoter avec toi.
Jordi Taza 809 977 1939