J’ose esperer que Bruno R, cet amoureux inconditionnel du LT d’avant pardonnera mon audace. Ce post est si beau et si savoureux que je n’ai pas pu m’empecher de vous le faire partager. Il nous raconte sa decouverte du village, nous rappelle des souvenirs plus ou moins heureux. J’adore, merci Bruno.
»J’ai bien connu il y a un peu plus de 22 ans quand je suis arrivé ici pour la première fois afin de retrouver deux parents, dont je me demandais où ils s’étaient bien exilés. Le premier est le frère ainé de ma défunte épouse Carole, le bien nommé Gabriel Turquois, officiant toujours dans l’immobilier au Paséo.

Le second est mon cousin germain cannois Dominique Bernard (la toute première Cave à Cigares du Paséo) avec son épouse Ysabel qui de son côté a créé NativeArte, jolie boutique d’artisanat et de bijoux de l’époque, face à Codetel et ses 8 cabines téléphoniques. La boutique est toujours là, mais a changé d’univers.
Eux sont partis il y a 15 ans. Dominique (look très Buffalo Bill) me disant que c’en était trop et que Las Terrenas était devenu New York. Certes. Quand ils sont arrives, les troupeaux de vaches descendaient la piste qui est aujourd’hui la Calle Principal et tout le monde s’allumait à la bougie et/ou fonctionnait avec des bouteilles de gaz. Autre époque.
Pour ceux qui les auraient connus, ils doivent certainement le savoir, car mon cousin communique beaucoup, ils sont maintenant installés au Maroc à Essaouira.
En ce qui me concerne, la dite calle Duarte (la Principal) était goudronnée quand je suis arrivé cette première fois. La France et des français étaient également venus construire la route qui relie Samana en passant par El Limon.
Le reste étant un entrelac de pistes toutes plus ou moins cahoteuses et surtout très chaotiques, ou circulaient quasi exclusivement des quads (chacun en disposait d’un) et quelques mobylettes Honda qui venaient de La Vega.
En revanche l’électricité, symbole de développement, était bien arrivée et bien utilisée. L’opérateur Codetel avait même mis en place un réseau internet ADSL, quasi en avance sur la France et ses campagnes.
Nous avions donc des ordinateurs.
Quelle époque épique dirait la commentatrice de FIP.
Les pistes étaient toujours là.
La capitale était toujours à 6/7h00 de route en passant par Cotui, San Francisco de Macoris, puis enfin Sanchez et sa grimpette à virages serrés, sans parler des nids de poule, pour arriver jusqu’en haut de la loma qui surplombe Las Terrenas, invisible à l’œil nu, cachée par l’une des plus grandes palmeraies au monde, plus de 60 km le long de la péninsule de Samana, côté Atlantique.
Isolée, quasi-inconnue au monde, Las Terrenas commençait à offrir à ses habitants un début de confort moderne, et la possibilité d’être connectés avec le monde entier.
Quelques premiers grands travaux sont entrepris. Terrassement du Golf qui devait rapidement voir le jour au bout de Las Ballenas, quelques constructions en dur avec 1 ou 2 étages par-ci par-là, jusqu’au cyclone tropical Jena la Loca du jeudi 16 septembre 2004 qui contrairement à toutes les hypothèses et prévisions, a traversé le pays de sud en nord pour passer pile au-dessus de Las Terrenas la nuit du 16 au 17, à partir de 21h00 avec le coeur du cyclone à 1h00 du matin, puis reprise une heure plus tard jusqu’à 5h30/6h00 du matin.
Ce ne fût qu’un petit cyclone de force 2/3, mais le village a été ravagé, privé d’électricité et par voie de conséquence d’eau pendant plus d’un mois. Seuls s’en sortaient pas trop mal tous ceux qui disposaient d’un groupe, mais ils étaient rares à l’époque.
La solidarité dont ont fait preuves tous les habitants du village a été exceptionnelle.
Et c’est dans l’adversité que l’on a vu la communauté dominicaine et celle des étrangers relever leurs manches telles un seul homme, pour remettre tout le village sur pied en moins de 2 mois de temps.
En revanche, seules les années futures ont permis de guérir au fur et à mesure les cicatrices béantes qu’a laissé Jeanne la Folle sur son passage, savoire la totalité des bananiers désagrégés, disparus de la surface de la péninsule de Samana, et tous ces palmiers à terre, 1 sur 3, offrant de ce fait une nouvelle visibilité traversante de beaucoup plus loin. Il faudra des années pour se débarrasser de tous ces palmiers allongés à terre, foudroyés en pleine vie, et en replanter quelques autres nouveaux, seulement par-ci, par-là, en priant pour que mère-nature y mette du sien.
En 2022 et depuis longtemps maintenant je crois, il ne reste plus aucun témoignage naturel et visuel de cet épisode qui aura marqué ceux qui l’ont traversé.
Je repense néanmoins au Cayuco qui avait perdu son toit. Dont la moitié était dans ma piscine du Casa LARIMAR derrière l’Atlantico de Sergio et de la Petite École de français d’Henri.
Souvenir de tous les regards hagards de chacun au cours de cette journée du vendredi 17 septembre 2004, personne de près ou de loin n’ayant pu échapper à la tragédie, pas un seul toit en Cana n’ayant pu résister à la violence des vents et disparu au cours du cyclone.
L’eau de la pluie et des orages déchaînés ensuite finit par détruire le coeur de toutes les petites habitations du village qui n’avaient plus de toit.
Je reprendrai la suite de l’histoire ultérieurement, pour faire le parallèle entre comment c’était quand j’ai dû quitter Las Terrenas en 2007 et comment c’est devenu quand je suis revenu l’an dernier en 2021.
Quel Choc ! et quel Bonheur ! »
Bruno R