Michel voleau… une vie comme un roman.

Nantes. Baby-boom la naissance et la petite enfance.

Année 1946 : Babyboom post seconde guerre mondiale.

A la fin de la guerre, soldats et prisonniers se ruent dans leur foyer et se lovent enfin, impatients et ravis dans les bras de leur femme… Résultat : dans toute la France des milliers de petits bambins voient le jour. Et c’est en cette année particulière, dans la belle ville de Nantes que Michel a choisi de pousser son premier cri.

Craquant petit bonhomme au visage harmonieux tout en rondeur, un tout petit bout de nez, des joues potelées, des oreilles bien grandes et de grands yeux sombres. Il est le second enfant, quelque peu inattendu mais d’emblée adoré d’un couple de quarantenaires très unis et le petit chouchou d’une grande sœur, Joelle, de 10 ans son ainée. La vie est douce à Nantes et les jours s’écoulent paisibles entre l’école à quelques pas de la maison et les longs week-ends insouciants à Pornic avec toute la bande de cousins et cousines. Délicieux jours heureux, la plage, l’océan, les jeux, les premiers bisous, les soirées qui n’en finissent pas, les grands feus de camp parfumés à la guimauve. L’esquisse de la liberté qui deviendra son leitmotiv, sa particularité et sa marque de fabrique.

Le temps passe

Le petit garcon, ni trop sage ni trop trublion se métamorphose en un ado au charme envoûtant. Très soigné, d’une élégance innée, Michel est beau et il le sait. Il en rit, en joue, en profite aussi. Une bande de potes et de copines, mais toujours ses cousins, jamais bien loin. Papa Joseph conduit des cars et sa maman a ouvert un petit resto sur un boulevard passant de Nantes. Au sous-sol un lieu magique, un refuge douillet qu’il a su aménager avec beaucoup de goût. Il y passe tous son temps libre en compagnie d’Etienne son jeune cousin et d’une poignée de copains fans de musique comme lui. Il excelle à la batterie et s’en donne à cœur joie. Plus tard il rejoindra un groupe de musicos de Vannes, Les Vanettes. Anecdote rigolote, sa petite-fille Karla, photographe (comme lui) s’est découvert une passion pour la batterie, sans savoir que son papy, bien avant elle partageait le même engouement pour cet instrument.

Années 60. Le commandant et Monsieur Arthur.

Une insouciance déboussolante, une soif inassouvible de liberté. Une attirance de plus en plus marquée pour tout ce qui touche à l’art. C’est un passionné. Après la musique, il s’essaye à la peinture, à la sculpture, à l’art des vitraux, à la photo, déjà. Un caractère indépendant, un brin rebelle, et cependant, Michel tout en paradoxe, voue une admiration sans borne à deux personnes bien différentes du jeune homme impulsif et libre comme l’air. Deux personnages au caractère bien trempé, sans excentricité et très droits dans leurs bottes.

Son oncle le Commandant René Le Quilliec, responsable de la sécurité du Gal de Gaulle à l’Elysée. Aux antipodes de ses convictions et de sa facon frivole d’aborder la vie, le commandant Le Quilliec c’est l’image rigoureuse et sans fioriture, presque rigide, d’un militaire de carrière. Contre toute attente Michel est tombé sous son charme. Il faut dire que malgré son emploi du temps chargé et ses responsabilités incroyables, tonton Le Quilliec apprécie les moments de détente en famille, notamment avec ses enfants et ses neveux, raides dingues de lui et de ses nobles fonctions. Mon petit doigt me dit que Michel faisait partie de ses chouchous, tout comme Etienne, quelques années plus tard. Longtemps Michel se souviendra de son escapade à Paris au palais de l’Elysée avec son prestigieux tonton, de son audacieuse intrusion dans le bureau du général en personne, les yeux remplis d’étoiles, écarquillés devant les fastueux décors du majestueux palais. Du haut de ses 14 ans,

Mimi était fier come un coq, plus de 60 années plus tard, il se souviendra dans le détail de cette incroyable épopée et conservera une fascination pour le défilé du 14 juillet.

Le second modèle, Monsieur Arthur, son grand-père maternel, propriétaire d’un hôtel à Ste Marie, petite commune jouxtant Pornic. Un personnage attachant, doté d’une superbe élégance. Elégance dans son maintien et dans sa facon d’être qu’il a tout naturellement légué à son petit-fils. Michel adorait le caractère un brin taiseux de Monsieur Arthur et sa grande indépendance… n’oublions pas que malgré l’hostilité de toute la famille, après le décès de sa femme, la grand-mère de Michel, il a épousé son employée de maison Hortense qui le seconda, le chouchouta et le rendit heureux jusqu’à son dernier souffle.  Pas de cris, ni même de haussement de voix chez Monsieur Arthur il lui suffisait de vous regarder droit dans les yeux pour que tout rentre dans l’ordre… trait de caractère oh combien précieux dont a hérité Michel.

Les cousins, les copines, l’oncle prestigieux, le papy modèle, les parents, présents mais tolérants, Nantes, les cours de lycée, les joyeuses vacances au bord de la mer… la vie de Michel n’est alors qu’une succession de petits bonheurs feutrés qui réchauffent son cœur et forgent sa personnalité attachante.

Les annees bac…

Mine de rien, c’est tout à fait serein que Michel quitte la maison direction la salle d’examen du bac, sous le regard inquiet de sa maman. De son grand sourire charmeur, Michel la rassure, il n’y aura pas de problème.

Sauf que… bien loin de lui l’idée de se rendre aux épreuves du bac. La décision est prise depuis longtemps et bien carrée dans sa tête. Il a buché dur depuis des mois. Féru d’art, de beau, d’harmonie, de couleurs…c’est aux Beaux-Arts que Michel a décidé de poursuivre ses études, et nulle part ailleurs. Et c’est tout naturellement qu’il se dirige, plus déterminé que jamais, vers la prestigieuse école, chère à son cœur. Chance incroyable, coincidence divine, l’examen d’entrée a lieu le même jour que les épreuves du bac. Plus rien ne compte pour lui. Dans la salle d’examen puis face aux examinateurs, il y met toute son âme. Sa passion rayonne dans toutes les cellules de se corps et c’est avec brio qu’il réussit cet examen pas si simple (n’est-ce pas Etienne…). A son retour à la maison, Michel, sûr de lui et de sa réussite avoue le subterfuge à ses parents. Abasourdis sur le coup, ils sont bien obligés d’accepter et seront tout heureux lorsque la sentence tombera, Michel va entrer aux Beaux-Arts de Nantes.

Et, c’est aux Beaux-Arts que Michel apprend, comme il aime à le dire « à voir ce qu’il regarde « , et que lui vient l’amour de la photographie. Mais pas que, il se forge une solide culture en peinture et très vite s’éprend de l’œuvre de Pierre Soulages, peintre stupéfiant qui réussit le mariage improbable du noir et de la lumière, (décédé quelques jours après Michel à l’âge canonique de 102 ans), d’Yves Klein, peintre monochrome lui-aussi, comment ne pas tomber amoureux de son bleu envoûtant, de Picasso et de son univers décalé. Il est séduit par l’architecture post-moderne de le Corbusier, sa cité radieuse si controversée, mais surtout sa dernière grande œuvre, le rayonnant Couvent de la Tourette près de Lyon qui le fascine. Il envisage même, tombé sous le charme du maître de se lancer dans ce domaine qu’il affectionne tout particulièrement. Mais, c’est en fin de compte, la photographie qui l’emportera. Après quatre années d’études passionnantes, Michel peut se targuer de tout connaitre ou presque de la photographie. Beaucoup voient déjà en lui un photographe talentueux mais aussi un artiste très complet.

Il se fait la main dans sa ville, si riche culturellement, photographiant les personnalités de passage. Son premier essai, face à une Barbara, toute de noire vêtue, hautaine et colérique lui laissera un souvenir mi-figue, mi-raisin.

Sahara.

Diplôme en poche, projets et rêves plein la tête, Michel est prêt à savourer une vie qu’il devine intense. Une vie d’aventurier bourrée de découvertes, de rencontres, d’échanges.

Et, audacieux, il se lance, tête baissée dans bien des aventures. La plus cocasse, don Quichotte des temps modernes, en compagnie de son pote, il décide tout simplement, sans bagage et sans aucun moyen financier de partir en Afrique, histoire, enfin, de sauver la faune en péril. Rien que ca, C’est tout Mimi, il ne doute de rien. Et ils y sont partis. Improbable aventure africaine, en stop d’abord, puis à bord d’une antique coccinelle. Des étapes douloureuses, des paysages grandioses, des rencontres enrichissantes, des moments d’angoisse, des pannes, des fou-rires… mais pas sûr qu’ils aient réussi à sauver la faune. Mais ne dit-on pas que c’est l’intention qui compte, et puis les voyages forment la jeunesse. Et surtout, Michel est tombé en amour pour le Sahara qui restera pour toujours l’un de ses deux grands coups d’cœur. Le second, nous le découvrirons plus tard ne sera autre que le Carnaval de Rio.

Les hommes bleus du desert

Esthète invétéré, amoureux fou du beau, il était inévitable que Michel tombe sous le charme des fascinants touaregs, les fabuleux hommes bleus du désert, solitaires et fiers. Au hasard de ses pérégrinations entre le Maroc, l’Algérie, la Libye, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso, il fut pénétré par la beauté de leur visage, la discrétion de leur sourire et la perfection et le soin de leur tenue indigo, de leur visage couvert d’un long turban en voile de coton bleu, les protégeant du sable en ne dévoilant que leurs yeux. Au gré de ces promenades dans d’incroyables paysages, il gardera longtemps le souvenir nostalgique des rencontres intenses avec ces caravaniers du désert pour qui les labyrinthes de dunes du Sahara n’ont pas de secret.

Les Touaregs, berbères nomades vivaient alors et vivent toujours du commerce et de l’élevage. Ils se déplacent, impassibles en compagnie de leurs dromadaires, en de longs convois silencieux, les caravanes, et traversent les étendues immenses de sable pour apporter des marchandises dans les différentes villes d’Afrique du Nord.

Michel est fasciné. Le Sahara, les touaregs et Michel, une histoire d’amour intemporelle à jamais ancrée dans sa mémoire, qu’il a pris plaisir à me raconter encore et encore avec une telle force que je me suis retrouvée, moi aussi parmi les seigneurs du désert.

Les annees 70, Le Viking.

Le retour d’Afrique fut moins glorieux, voire douloureux. Michel, chahuté par son voyage pas toujours des plus confortables se retrouva à l’hôpital de Bangui avec un méchant ulcère ouvert, un estomac sanguinolent en piteux état. Grâce à l’aide de son ami, il fut rapatrié d’urgence en France où il fut chouchouté, soigné, remis sur pied, l’estomac sérieusement diminué.

Les années 1970 s’annoncaient lumineuses et pleines d’insouciance pour ce baroudeur, éternel créateur, inventeur, cet électron libre jamais à cours de projets grandioses ou utopiques. Complètement rétabli de sa mésaventure africaine, il reprend son métier de photographe. Mais très peu pour lui l’envie d’immortaliser batêmes et autres mariages (sauf pour ses copains bien sûr). Attiré par de périlleuses missions en terrains mouvementés, il rejoint la prestigieuse agence de presse Gamma. En 1970, il file à Val d’Isère couvrir la terrible avalanche ayant fait plus d’une centaine de morts. Bouleversé, il en reviendra avec des clichés saisissants mais aussi avec un bébé en devenir…. Et oui, difficile de ne pas succomber au charme ravageur de Michel, la maman de ses filles, confinée dans la même chambre que lui, vu la situation dramatique de la station n’a, en tout cas pas su y résister.

Michel déborde d’idées en tout genre. Stimulé par un premier job dans la restauration et le monde de la nuit, à Orléans puis à La Baule, il décide, toujours associé au même pote de créer une boîte de nuit à Pornic, endroit si cher à son cœur. Elle s’appellera Le Viking, l’endroit est déniché, de vieilles pierres et un espace idéal. Mais les autorisations traînent et, histoire de ne pas trop perdre de sous, le lieu, dans un premier temps abritera un restaurant. Un établissement différent, très tendance et vite pris d’assaut par tous les beautiful people d’ici et d’ailleurs. La spécialité incontournable…. Les œufs à la coque et leurs délicates mouillettes aux trois beurres parfumés. En dessert, l’omelette norvégienne à fait saliver bien des gourmands. Etienne, le jeune cousin que nous avons déjà rencontré faisait partie de l’aventure. Il était chargé en cuisine de faire monter les blancs en neige, secret d’une omelette norvégienne réussie, à la seule force de ses poignets.

Les autorisations en poche, le Viking revêt ses habits de lumières, s’invente une salle de billard au premier et devient LA boîte de nuit à la mode. On y vient de partout pour des soirées incroyables qui durent jusqu’à pas d’heure. Parfois c’est chaud et Michel doit se montrer vigilant face à un personnel souvent survolté. C’est la période de tous les excès. Amoureux fou des belles cylindrées, il s’éclate en thunderbird, jaguar, rover, maserati. Toujours entouré des plus jolies filles, il en fera voir de toutes les couleurs à celle qui est pourtant devenue son épouse, la mère de ses deux petites filles. Michel vit, flambe, fume de gros cigares, sabre le champagne avec un vrai sabre et n’hésite pas à partir à Londres pour s’acheter des pièces de vêtement uniques. L’argent coule à flot puis disparaît aussi vite qu’il est entré. Avec sa belle gueule et son bagout, rien de plus simple pour lui d’emprunter puis de jouer le grand seigneur et de dépenser avec frénésie. De passage à Nantes, il tombe en amour pour une antique péniche chargée d’histoire, Le bateau Lavoir. Avec son impulsivité légendaire, il se l’offre, met le viking en gérance et emménage sur la péniche avec femme et enfants et chiens, 2 superbes bergers Môme et Mec. Jamais à court d’idées, il y crée une salle de concert d’un nouveau genre où se produiront des artistes locaux comme les tout jeunes Tri Yann ou Alan Stivell. La vie continue savoureuse, brillante mais pour peu de temps…

1976 . La rupture.

Le début des années 70 est pour le moins voluptueux mais aussi tumultueux pour Michel. Au sommet de da notoriété, grisé par le succès du Viking, il dilapide à qui mieux mieux des sommes folles qu’il possède … ou pas. Ses grosses cylindrés, ses costumes londoniens sur mesure, ses conquêtes d’un soir… lui coûtent une fortune. Sa splendide jaguar lui a même presque couté la vie lorsque pourchassé par sa femme en furie, lassée de ses frasques à peine cachées, la belle auto s’est prise pour une attraction foraine en faisant plusieurs tonneaux sur une petite route de Bretagne. Peu de temps après cette chasse poursuite qui aurait pu mal finir, en 1975, un divorce est prononcé. Le Viking est mis en gérance, c’est au Bateau Lavoir, son nouveau joujou que Michel poursuit sa vie d’homme de la nuit.

Mais, les temps sont difficiles. Le gérant du Viking s’avère être un homme de peu de foi, IL ne respecte pas le deal et oublie de payer ce qu’il doit à Michel et tant qu’à faire, mène le bel établissement à sa perte. Ca commence à coincer côté sous d’autant plus que la redoutable URSSAF qui ne fait pas de cadeaux, se rappelle au bon souvenir de Michel qui a tout simplement ‘’oublié’’ de régler quoi que ce soit à l’organisme belliqueux. Faut dire qu’il n’a jamais été un homme d’argent, enfin disons qu’il ne s’est jamais préoccupé d’où lui venait l’argent et à quoi il devait servir. Michel, l’électron libre dans toute sa splendeur se trouve bientôt acculé. Moralement, il est également très atteint par la maladie de sa maman, un terrible cancer des poumons en phase finale, alors qu’elle n’a jamais fumé qu’une cigarette le soir de Noel. Cette injustice ne sera pas étrangère à sa déraisonnable consommation de tabac…

1976, c’est la fuite. Il se fait conduire par un cousin à l’aéroport de Roissy. Là, d’un coup d’œil, il repère le vol le plus proche pour s’envoler le plus loin. Ce sera Les Seychelles. Le vol décolle dans 2 heures. Il n’a que peu d’infos sur cet archipel lointain mais, fort de son expérience de photographe des pays agités, il sait que là-bas dans cet environnement paradisiaque, le métissage est roi. Chacun respecte l’autre, qu’il soit blanc, jaune noir ou métissé. Les familles elles-mêmes sont d’heureux mélanges colorés. 90% des Seychellois parlent le kréol seselwa (créole seychellois) que l’on apprend en premier à l’école suivit du français et de l’anglais.

Michel s’installe à Victoria, la capitale, sur l’île de Mahé. Très vite il tombe amoureux d’une jeune et bien sûr jolie mannequin tournant dans le célèbre film Emmanuelle. Et c’est tout naturellement qu’il replonge dans la joie de la photographie, se délectant de la beauté nature de scènes de rues, de paysages d’exception, mais aussi de photographies du tournage de ce film iconique. Michel ouvre la première galerie d’art de Mahé. La vie s’écoule tranquille entre ses amours, ses amis, ses découvertes. Inutile de vous dire que du côté de la France, la stupeur est intense. Plus personne n’a de nouvelles, ni son ex, ni ses filles, ni son associé du Viking. Silence radio et le cousin complice conserve un silence d’outre-tombe et jamais ne le trahira. Malheureusement, la vie idyllique prend fin subitement en 1977 lors d’un coup d’état sanglant. Michel qui a si bien su s’intégrer dans les différentes couches de la société seychelloise n’est pas en odeur de sainteté avec le principal fauteur de trouble, futur nouveau président de la république. C’est grâce à la complicité de sa petite amie mannequin et toute la troupe du tournage du film Emmanuel qu’il réussit à s’enfuir de l’île dorénavant hostile.

Il se retrouve à … Djibouti qui vient tout juste de proclamer son indépendance. L’ex-territoire français se libère du joug de la puissance coloniale et d’emblée fascine le photographe. Il tombe en amour de ce bout d’Afrique et vit une année fantastique à Djibouti avec … un guépard génial adopté tout bébé et dont il a toujours parlé la larme à l’oeil.  Il se souvient avec émotion des coups de pattes câlins du matin au réveil puis des balades, lui en 4L et le guépard courant à toute vitesse derrière le véhicule, les deux prenant un plaisir fou. Il se lie d’amitié avec les gars de la légion étrangère qui aiment ce francais cocasse. C’est à eux qu’il confiera son guépard lors de son départ. Il fréquente assidument un prestigieux établissement très tendance, Le Bar du Palmier en Zinc. Fin 1977, un attentat sanglant, revendiqué par des éléments Afars, l’une des deux principales ethnies du pays, détruit le café. 2 morts dont un francais… Une nouvelle avait fuité du côté de Nantes, on aurait vu Michel à Djibouti du côté du bar en question. Il n’en faut pas plus pour imaginer le pire.

Adieu Afrique. Bonjour Bresil.

Et puis, un jour, la réalité de la situation lui saute aux yeux. Il était aventurier mais pas suicidaire. Or, la vie à Djibouti était de plus en plus osée, voire risquée. Les affars et les issas s’entretuaient allègrement. Les bains de sang étaient légion et peu importait qui se trouvait au milieu de leur haine. Il était temps pour Michel de dire adieu à l’Afrique qu’il aimait tant et de se trouver un autre point de chute.

Pendant ce temps-là…

Son associé avait vendu le Viking et tentait tant bien que mal de combler les trous d’argent laissés par Super-Mimi… Son ex et ses deux petites filles étaient parties vivre en Martinique. Courroucée devant l’attitude irresponsable de Michel, son ex avait tout simplement dit à ses filles que papa était mort…

Destination Brésil

C’est un pays qui l’attire, oui, ce sera le Brésil et ce sera Rio. A peine débarqué, il saute dans un taxi, destination le Sheraton Hôtel. En voyageant aux quatre coins du monde, Michel avait appris qu’il n’y avait jamais de surprise avec cette prestigieuse chaîne d’hôtel. Une douche rapide puis, histoire de décompresser de ce long voyage, direction le bar… Où il avait rendez-vous avec son avenir… Au pied de son tabouret, une délicate écharpe de soie. Il la ramasse et respire son parfum discret. La porte du bar s’ouvre et une superbe femme pénètre dans les lieux. Brune, grande, classe… elle est cinéaste et avec sa compagnie, ils ont tourné une scène dans l’hôtel, la séance ciné a duré tard et au moment de partir, Katia a oublié son écharpe. Grand seigneur, grand charmeur, Michel tend l’écharpe à la belle apparition. Coup de foudre ? Peut-être. Coup du destin, sûrement. Le lendemain, Michel quitte l’hôtel et s’installe chez Katia… Commence alors une douce vie bien loin du tumultes des querelles africaines. Tout naturellement, il plonge dans l’univers du cinéma et devient photographe de plateau. Son charisme opère de nouveau et la qualité de ses clichés attire l’œil d’un magasine puis d’un autre. Il se lance alors dans la photo de charme pour des titres comme Playboy ou Lui…

Il est heureux dans sa nouvelle vie avec une femme juste un peu décalée comme il les aime et tout naturellement, ils décident d’avoir un enfant. Joseph (Jojo) naîtra en juillet 1980.

Du coup, l’envie est venue à ce tout nouveau papa-poule de renouer avec ses deux filles. Il contacte son ex qu’il n’avait vraiment jamais perdu de vue. Elle débarque à Rio, rencontre un nouvel amoureux, Oscar. Mais, si les deux ex se retrouvent, il faudra un long moment avant qu’il ne renoue avec ses filles arrivées quelques mois plus tard, toujours persuadées qu’il était mort. La famille est ravie de sa nouvelle vie, aidée d’Oscar, les voilà lancés dans l’import-export. Ils impriment T-shirts, paréos, confectionnent des bijoux. Le tout remporte un grand succès à tel point que Michel est bientôt embarqué dans l’aventure alors que ses photos sont moins tendance. Un beau jour enfin, c’est la rencontre avec ses filles. Beaucoup d’émotion, d’incompréhension puis d’amour. Les deux familles qui vivent tout près l’une de l’autre ne se quittent plus. Et c’est sous un ciel sans nuages que se déroulent les années brésiliennes d’Ipanema à Santa Thérésa. Il tombe en amour pour la musique brésilienne et dessine dans son inconscient son futur Syroz, bar emblématique de Rio, de Vinicius de Morales et Antonio Carlos Jobim, créateurs de l’incontournable Garotta de Ipanema.

Le second coup d’cœur …

Vous vous souvenez, son premier coup d’cœur fut pour le Sahara. Et bien le second, tout aussi intense fut pour le Carnaval de Rio oscillant entre émotion et folie. Cette immense bacchanale hédoniste et exubérante attire chaque année des millions de visiteurs ébahis devant les spectaculaires parades costumées, ou les fêtes de rues déjantées. L’apogée des festivités est marquée par la parade multicolore qui défile dans le Sambódrome, avec des chars géants, des percussions envoûtantes et des danseurs survoltés. Michel est hypnotisé et gardera toujours le souvenir de ces moments intenses. Bien sûr, c’est avec délectation qu’il gravera ces instants sur la pellicule. De superbes images, malheureusement aujourd’hui détruites.

Las Terrenas.

Oui mais… Apres quelques années idylliques au Brésil avec femme, enfants, job bien cool dans le cinéma, la pub, les magazines, ce globe-trotter invétéré ressent comme des fourmis dans les jambes. Il est temps de bouger. Parmi la faune qui tourbillonne autours du monde du ciné, quelques individus interlopes ont tôt fait de lui mettre dans la tête qu’il y avait quelque chose à faire du côté du Canada. Discothèque, restaurant, casino…. On n’attendait que lui… Bon public, Michel saute dans un avion et se retrouve au Québec. Un peu frisquet mais bien sympa. Il furète de ci de là, entre en contact avec des hommes d’affaire un brin louche, y croit, se revoit dans sa vie de la nuit avec grosses autos et jolies filles… Notre rêveur insatiable se sent déjà en place, le nouveau magna des divertissements nocturnes de Montréal. Sauf que l’argent est loin de couler à flot, les robinets sont fermés. Bon ben non, adieu Montréal.

Pendant ce temps, son ex, ses filles et Oscar son nouveau compagnon ont eux-aussi quitté le Brésil pour une nouvelle terre d’aventure, la République Dominicaine, plus précisément la capitale, Santo Domingo. Jamais très loin l’un de l’autre, les deux ex-retrouvés communiquent et Michel décide de rendre visite à ses filles.

Nous sommes en 1985 et le tourisme dans le pays en est encore à ses balbutiements. Il y a tout à faire pour un aventurier audacieux. Convaincu par son ex qu’il y a vraiment une opportunité à saisir au nord-est du pays, Michel loue une moto et par à l’aventure. Direction la péninsule de Samana …  direction Las Terrenas. De pistes en pistes, le trajet est long, périlleux mais les paysages tout au long du chemin sont justes époustouflants. La végétation est bouleversante et d’emblée, Michel tombe sous le charme de Las Terrenas. En ce temps-là, seuls quelques pionniers, doux rêveurs, osent s’aventurer dans ce délicieux petit village de pêcheurs bercé par l’océan, mais sans eau, ni électricité, sans téléphone ni moyens de transport. Très vite, tombé amoureux fou de l’endroit, Michel fait la connaissance de Jeannot, un francais propriétaire de l’hôtel Le Tropic Banana, de René et de Paco. C’est l’année du tournage de Christophe Colomb au village. Michel qui ne perd pas le nord, décide de créer sur la plage un petit kiosque en palme, petit bistrot de charme pour l’équipe du film. Une fois encore, son ex vient à son aide et lui fait parvenir l’argent nécessaire à son projet. La petite case toute mignonne voit le jour… elle n’a jamais été un bistro mais juste la toute première maison de Michel, sans eau, sans électricité, il se lavait dans la mer et savourait le bonheur d’être juste là, au paradis, les pieds dans le sable. Plus tard, notre aventurier vivra dans une autre case à la place de l’actuel Paseo avant de dénicher l’endroit mythique qui sera à jamais lié à son image.

Arrêt sur image : Le Las Terrenas d’alors.

Beaucoup d’endroits dans le monde ont suscité ou suscitent de réels engouements. Plages immenses et désertes, cabanes de guingois au charme fou, douceur de vivre au rythme des tropiques…. On est envoûté, mais, souvent, on se lasse et l’on retourne vers son pays natal. Or, la majeure partie de tous ces précurseurs, de tous ces francais qui, un beau jour, il y a 40 ans ont découvert ce petit coin de paradis qu’est Las Terrenas, sont restés ancrés ici, certains à temps plein, d’autres une partie de l’année, amoureux comme au premier jour du village, de la beauté de ses paysages, de la nonchalance du quotidien, de son humanité.

Le tout premier « gringo » tombé sous le charme de Las Terrenas est Jean Desdames, dit Jeannot el Francese. Marié à une américaine, fille de l’ambassadeur des USA à Santo Domingo, c’est un peu par hasard qu’il est arrivé jusqu’ici. Mais, c’est en toute connaissance de cause qu’il s’y est implanté. Avec son copain René Techer et sa femme Anny, il crée le Tropic Banana.

Le Tropic Banana

Très vite, la réputation de douceur de vivre de Las Terrenas franchit l’océan et les premiers francais, avides de changement débarquent. Le Tropic Banana devient leur refuge et leur point de ralliement. Hôtel de charme et bar « à la mode », les « anciens » aiment à se remémorer les soirées inoubliables passées à faire la fête au son de l’orchestre de Coseco et de Papon. Les grands jours, Mariana Vanderhorst (ex madame le maire) et ses soeurs enflamment le public dans un incroyable show. Les grandes bières et les Cuba Libre coulent à flot et les soirées s’éternisent jusqu’à pas d’heure.

Autre rendez-vous incontournable de ce temps cher au coeur de Michel, le Nouveau Monde et son mélange insolite de nationalités, de sexes et d’âges. Bon, c’est vrai …les soirées interminables, un peu trop arrosées, se terminent souvent en bagarres générales, toutes nationalités et tous sexes confondus…..

Les premiers commerces

C’est Claude Breard, aujourd’hui décédé et son épouse Bernadette (pharmacie du Paseo) qui eurent l’idée lumineuse d’ouvrir la toute première boutique « chic » au village : La Gâterie face à l’actuel Paseo. Bien achalandée grâce à des produits inédits à l’époque, dénichés à la capitale, elle fit très vite le bonheur des expats de tous poils. Fanfan et Hélène ouvrirent la Salsa au Village des Pêcheurs, Paco et Sarah, sa jeune femme dominicaine fondèrent le Pacocabana, d’autres, comme Anne et Stéphane choisirent d’installer leur petit lolo à la Bonita.

Une vie de boheme

S’il n’y avait pas de route goudronnée, pas d’électricité, pas de téléphone, peu d’autos à part une ou deux guaguas brinquebalantes qui réussissaient bon an, mal an, à se trainer jusqu’à Sanchez en empruntant une piste improbable, la vie était délicieusement douce dans ce petit village éloigné de tout. Bermudas décontractés, paréo pour Michel débarqué du Brésil, les pieds nus… on vivait d’un rien sans vraiment se soucier du lendemain. La jeunesse dorée de Santo Domingo fut très vite attirée par cet endroit qu’elle connaissait peu, par ses plages magnifiques, ses paysages paradisiaques et surtout par ces francais d’un autre monde et leur cuisine si « exotique », véritable choc culturel, exquise découverte. Parmi les afficionados, Pedro Quatrain, Oscar Orsini, Litvinnof Martinez ou encore Miguel Polanco que Michel appelait amicalement « le meilleur couturier du monde » vu la qualité des délicates « réparations » qu’il effectuait jour et nuit sur ces fous d’étrangers. Sans oublier le seul juge-avocat-notaire de l’époque Raoul Languasco, figure incontournable, un brin fantasque, que tout le monde connait à Las Terrenas

L’école francaise

Peu à peu, la vie s’organisait, de jeunes couples débarquaient et …des enfants naissaient. L’idée d’une école se transforma bien vite en réalité. Une petite cabane de bois à l’emplacement de l’actuel Paseo accueillit bientôt 4 ou 5 bambins. Les cours du CNED y étaient dispensés par des répétiteurs recrutés parmi les nouveaux venus. L’Ecole Francaise était née. Elle fut le véritable déclencheur de l’arrivée en masse des francais à Las Terrenas, puis d’autres nationalités, hollandais, anglais, allemands, espagnols, américains et canadiens….

Conscient de l’incroyable attrait de l’endroit, Michel, bien avant de devenir le roi de la nuit avec son incontournable bar Le Syroz, s’improvisa agent immobilier, le tout premier au village. La cohabitation entre dominicains et étrangers se passait à merveille, sans heurts et dans le plus grand bonheur. En 1994, Oscar Orsini, afficionado des premiers jours créa Luz y Fuerza et donna la lumière à Las Terrenas. Les commerces et services se multiplièrent, les cabanes du Village des Pêcheurs s’inventèrent une nouvelle vie, les restos fleurirent de partout, quelques routes en dur furent ébauchées …la vie se structurait.

Et la vie s’articule à LT…

En 1985, Michel, victime d’un grave coup de foudre, pose ses valises à Las Terrenas. En ce temps-là, seuls quelques pionniers audacieux osaient s’aventurer dans ce petit village sans eau, ni électricité, sans téléphone ni moyens de transport. Il y fait cependant venir du Brésil sa compagne et son fils Joseph. Il tombe fou amoureux de l’endroit d’abord, puis d’une vieille bicoque sans grande allure, mais posée sur la plage. Une vague salle de billards en parpaings, plutôt sale et négligée. Il se l’offre pour quelque 15000 pesos, la consolide, la nettoie, la transforme et, conscient de l’attrait du village sur les étrangers, surtout les francais, il y crée la toute première Agence Immobilière de Las Terrenas. Puis, il en fait sa demeure. Un petit nid douillet en plein coeur du village mais tout à fait hors du monde. Katia sa compagne, beaucoup moins éprise du village que lui, préfère Santo Domingo, elle s’y installe lui laissant la garde de son fils. Eternel amoureux, bourré de charme, Michel, dans son doux cocon est loin d’être malheureux. Il multiplie les conquêtes et est toujours accompagné d’une jolie femme. Elles se succèdent plus ou moins rapidement auprès de cet homme d’exception qui sait par sa seule présence transcender leur beauté. Très vite les copains, de plus en plus nombreux, affluent dans la petite case sur la plage. La table de Michel est bonne, conviviale à l’image de son hôte et les apéros s’éternisent devant un panorama à couper le souffle.

C’est alors que l’idée jaillit comme une évidence. Il fallait transformer cet endroit en bar et en faire profiter tout le monde. On parle, réfléchit jusqu’à pas d’heure, on s’invente une nouvelle histoire, on choisit le nom, Syroz, en souvenir des années brésiliennes, on convoque Pablo et sa tronconneuse, on met une musique adéquate, la Walkyrie de Wagner, à fond pour bien situer l’ambiance et l’on tronconne le petit bar en bois qui d’un coup s’ouvre sur la plage. C’est ainsi que la petite maison au bord de l’eau se transforme en un bar qui deviendra iconique. Le Syroz est né.

Le lieu est authentique, le décor grandiose et les cocktails incroyables, la caipiriña y acquiert ses lettres de noblesse surtout lorsqu’elle se marie à la fraise. On y joue au backgammon jusqu’au bout de la nuit. Le jazz et bien sûr la musique brésilienne sont de tous les instants. Les anniversaires mémorables, tout de blanc-vêtus marquent les esprits à jamais. Des fêtes grandioses mais nul débordements, classe et festives. Très vite, expatriés de tous poils, intellos, épicuriens, jolies femmes et jeunes dandys y établissent leur quartier général et le Syroz devient le bar de prédilection des « Beautiful People » d’ici ou d’ailleurs, l’endroit incontournable pour voir et être vu. Les célébrités de passage en font leur quartier général, à l’instar de Charlotte Rampling qui succomba, bien évidemment au charme dévastateur du maître des lieux et dont Michel ne fut pas loin de tomber amoureux.

Le Syroz

S’il est un endroit iconique qui, sans conteste fait l’unanimité, c’est bien le Syroz. Autochtones, Dominicains de la capitale ou d’ailleurs, résidents, touristes… jeunes, plus âgés, beautiful people, dandy, journalistes, vedettes…tous se pressent en ce lieu si différent avec en toile de fond l’infini de l’océan. Le décor est simple et authentique, quelques chaises et tables en fer forgé, blanches bien sûr, la couleur fétiche du maître des lieux, s’éparpillent sur le sable, à deux pas du clapotis des vagues. Rien de superflu mais une ambiance unique. Le son, disques ou DJ, sélectionné avec soin fait la part belle au jazz et à la musique brésilienne, chère au coeur de Michel. Les cocktails sont juste parfaits et les soirées douces et sereines s’éternisent jusqu’à pas d’heure. Le backgammon y règne en maître, les parties sont passionnantes et interminables. Les soirées blanches, symboles de fêtes absolues se déroulent toujours dans la bonne humeur et dans la retenue. Ici, nul débordement, inutile de danser sur les tables. On s’amuse avec intelligence et tellement de plaisir. Michel n’a pas son pareil pour inventer des moments d’exception. Cracheurs de feu, danses du ventre, jongleurs, musique en live, projections sur écran géant… les moments-bonheur se suivent et ne se ressemblent jamais. Le petit bar est devenu l’endroit incontournable qui ne désemplit pas. Il n’est pas rare que la nuit s’acheve assis sur le sable à guetter l’arrivée de l’astre du jour. Michel est ravi, il a retrouvé sa vie de la nuit qui lui sied si bien. Mais il sait rester discret tout en étant indispensable et s’entoure de personnes de confiance qui le secondent à merveille à l’instar de Sergio, directeur du bar lorsque pour la première fois je mis les pieds au village en 2003.

Cependant, les années passent et une certaine fatigue s’empare de Michel qui aimerait lever le pied. Son fils Joseph, brillant kite-surfeur qui poursuit sa carrière au Brésil vient lui prêter main forte mais repart vers son destin. C’est alors qu’une mise en gérance est envisagée et effectuée. Catastrophe. Le Syroz, c’est Michel. Point final. Sans lui, l’endroit aussi ravissant puisse t’il être perd tout son charme. La clientèle boude ce nouvel endroit trop plein de chichis qui ne ressemble plus en rien au petit bar si ravissant sur la plage. La gérance est brisée, viennent des responsables… pas mieux. Décidément, le Syroz sans Michel ne vaut pas un clou…

En 2012, le Syroz devient La Roulotte, un délicieux endroit au vrai goût de paradis… aujourd’hui, le XO l’a remplace, bien différent mais non dénué de charme.

La « rencontre » entre guillemets…

Ben oui, entre guillemets parce ce que nous nous étions déjà rencontrés bien des années plus tôt. Qui vivait à Las Terrenas, inévitablement connaissait Michel, indissociable de son Syroz.

La vie n’a pas toujours été tendre avec moi. En mai 2007, un cancer de la gorge a été dépisté chez Claude, mon mari. Après 3 mois de chimio, de radiothérapie, il est décédé en octobre des suites d’un traitement trop agressif. Je me retrouvai seule une première fois. Pour le coup, c’est mon amour pour les chiens qui m’a sauvé et rien que pour ca, ils seront toujours ma priorité.

Près de deux ans plus tard, alors que je m’étais reconstruite une petite vie douillette dans ma jolie maison avec tous mes toutous, 7 à l’époque, une amie me dit… « sais-tu qu’il y a quelqu’un qui rêve de toi… » Ben ca alors, première nouvelle… Si me dit-elle, c’est Michel du Syroz… Le ciel m’est tombé sur la tête. Pas possible de trouver quelqu’un de si différent de moi, de si incompatible, cherchez l’erreur. C’est un oiseau de nuit, je hais l’obscurité, me lève tôt, me couche avec les poules, jouis du soleil et déteste le bruit, l’alcool et les nuits sournoises où l’on s’escrime à refaire le monde.

Bref, je n’y pense plus puis je le croise dans la rue. Salut ca va… il parait que tu pars au Brésil… et si j’écrivais un petit papier sur toi pour le LT7, ce serait sympa… pas question… OK bon salut. Sauf que j’étais plutôt pugnace, non mais. Je l’aurais mon papier… et je me suis mise à me trouver « par hasard » sur son chemin, régulièrement. En même temps pas compliqué de le trouver, il passait une belle partie de son temps à boire des rosés avec ses potes sur le petit bar latéral du Bario Latino. Ca durait des heures… Au début, j’avais presque l’impression de m’incruster puis il s’est mis à m’attendre. On est même aller déjeuner ensemble, loin (pour lui qui ne dépassait jamais sa zone de confort, Paseo-Syroz-Paseo) à Popy… puis tout s’est précipité. Le Syroz était en gérance et la responsable d’alors, à ses débuts, était relativement réceptive et organisait des soirées sympas. Il m’a invité, une fois, deux fois. Paniquée par la nuit comme je l’étais, le suis encore, je me déplacais toujours avec ma petite malinoise Cheyenne, mon garde du corps, discrète et efficace. Aujourd’hui, Cheyenne a près de 17 ans et je la cajole, je la soigne comme la prunelle de mes yeux.

Puis l’idée est arrivée tout naturellement. Michel est venu s’installer chez moi dans ce qu’il allait très vite baptiser le Château de Feuilles. Au début, un peu timide entre ces murs qu’il n’avait pas choisis, il est vite tombé en amour pour ce lieu atypique, bohème, facile. Les chiens l’ont adoré de suite. Bien sûr, il n’a pas abandonné pour autant sa vie de patachon, Barrio le matin, déjeuner frugal à la maison (il a fallu établir des horaires, monsieur ne connaissait pas), après-midi bar de plage, soirée au Syroz… mais oui du coup je suivais et, mémorables dimanches avec le méga-Voleau-tour. Un parcours très alcoolisé qui nous menait de Popy au fin fond de Coson. Une connivence indispensable alors pour une vie tout en complicité où l’on ne s’habillait que de blanc.

En novembre, nous sommes partis pour la première fois ensemble au Brésil chez Joseph, son fils. A l’époque, j’avais la chance de pouvoir compter sur quelqu’un de sûr pour garder mes chiens en toute confiance.

OUI, ou la plus folle des soirées blanches…

Eh oui, quelques mois plus tard, il a dit oui, j’ai dit oui. Une date, le 22 août, un lieu, ben le Syroz bien sûr. A l’époque, il était toujours le bb de Michel mais était tenu par celui qui devait être ma plus grosse déception… enfin, c’est du passé.

Les premiers invités furent nos enfants. Julien, mon fils, si loin en Australie. Pamela et Vanessa les parisiennes puis Joseph au Brésil ses enfants. Tous ont répondu présent, pour notre plus grand bonheur, même si leur séjour, venus d’aussi loin était ridiculement court. A la dernière minute, la jolie Karla, petite-fille de Mimi était des nôtres également.

Madame l’officiel a officié devant tous nos amis, francais, européens, canadiens, dominicains, d’ici, de là-bas. Ils étaient combien, 100, 200, je ne me souviens plus. Tous vêtus de blanc. Il y avait Astrid et Lionel, Colette et Serge, Luis, Orlando, Miguel, Jean, Alexandre, Pascal, Julio, Gérard, Claude, Lisa, Téo, Ludo, Babette, Sarah,Tatoo…. Et tous les autres. Le buffet succulent était signé Nadine et Véronique et le champagne coulait à flot. Nacho et un autre adorable DJ dont j’ai oublié le nom s’occupaient du son, minutieusement choisi en accord avec nos goûts, nos envies. La soirée fut fabuleuse, à la hauteur de l’événement et de notre amour. Le Syroz s’était fait beau, éblouissant de chaleur et de convivialité dans son décor féérique pour donner vie à la plus douce des soirées blanches dont mon tout nouvel époux avait le secret.

La fête s’est éternisée jusqu’au petit matin, une parenthèse enchantée qui restera dans les mémoires pendant très longtemps. Aujourd’hui encore, parfois au détour d’une rencontre, on me dit…. J’y étais.

 Il me reste des souvenirs et de très jolie photos…

Puis ce fut le départ au Brésil, notre coup de foudre pour Trancoso, notre « mésaventure » (a suivre dans la rubrique Brésil), notre retour, la construction de la Roulotte, son rachat pour devenir le XO… puis la vie…

Le coup d’coeur d’un photographe fantasque pour un monde imaginaire

Ce n’est que tout récemment que Michel est revenu à sa première passion, la photo, tout à fait par hasard. En se baladant sur les plages de Las Terrenas ou du Brésil qu’il a gardé dans son coeur, son oeil aguerri fut attiré par un monde étrange que lui seul était capable de deviner sur les coques abîmées des barques de pêcheurs. Ces détails infimes, invisibles ou anodins pour le commun des mortels interpellèrent l’artiste qui vit en lui. Sans intention particulière, il se mit alors à photographier ces « accidents » de barques.

C’est peut-être, c’est sûrement, parce qu’au fond de lui il est resté un petit enfant que Michel réussit à voir, à débusquer, des choses que le commun des mortels n’imagine même pas, comme un gamin s’inventant de belles histoires. C’est vrai, après avoir plongé dans son monde imaginaire, il nous arrive, au gré de nos balades d’essayer de faire vivre à notre tour ces créatures étranges qui prennent un malin plaisir à nous observer. Parfois, on réussit. Clic, clac, un gentil monstre est capturé dans notre boîte à images. Mais, c’est juste parfois. Pour lui, c’est devenu une seconde nature ou même sa première nature. L’œil aguerri, toujours à l’affût, l’instamatic à portée de main, il ne se lasse jamais, fouille, inspecte, devine sur les coques fatiguées, abîmées des personnages incongrues, gargouilles, oursons, baleines bleues ou blanches, toucans ou rhinocéros, des savanes africaines, des harmonies de couleurs, des scènes de vie aussi…. Détails infimes, anodins qui se transforment pour notre plus grand plaisir en un bestiaire magique, en scènes bucoliques qui s’offrent sans ambages à nos yeux émerveillés.

Depuis ses dernières expos, Michel, insatiable artiste un brin fantasque, a ramené dans sa besace, surprenants et ludiques, d’autres audacieux compères que je vous livre aujourd’hui. Et si, je leur ai donné un nom, c’est à vous de les découvrir, de les ressentir et de les faire vivre.

Le coup d’coeur d’un photographe fantasque pour un monde imaginaire

Il dit: « Le monde est peuplé de créatures étranges qui prennent un malin plaisir à nous observer ».

Son œil aguerri lui permet de les rencontrer, au gré de ses escapades au Brésil, dans les rues du village, le décor d’un bistrot, mais surtout, sur la plage langoureuse où sommeillent les barques colorées.

Il nous le livre aujourd’hui, sans intention particulière, à travers des clichés très graphiques, hauts en couleurs qui racontent tous une belle histoire.

Histoires de voir, oeuvre abstraite très personnelle, d’une poésie et d’une force extraordinaires, illustre à merveille la magie de la photographie : mettre sous nos yeux une image réalisée par un autre, mais qui n’appartient qu’à nous par l’interprétation que nous en faisons.

Entrons dans le jeu et, sans ambages, partons à la découverte de ces « créatures étranges qui prennent un malin plaisir à nous observer… ».

Et puis…

10 années-bonheur se sont écoulées. Une vie tranquille, sans tracas, faite de douceur, de toutous, de balades au village pour lui, le matin son pote Richard, l’après-midi son complice Thierry, de longs moments de farniente à lire, à écrire pour moi.

Puis un jour le verdict… la sournoise maladie d’Altzheimer a montré le bout de son nez. Rien de bien grave pour l’instant. Il oublie Tatoo, son petit chien devant le Lindo, il ne se souvient plus bien des personnes juste rencontrées, il fatigue, il tombe fréquemment… Problèmes de cœur aussi, il fait des siennes et s’invente une vie propre, bat trop vite, bat trop lentement, s’emballe…

Mimi boit beaucoup moins mais ne supporte plus du tout, mais Mimi fume toujours autant, 2,3 paquets par jour… il tousse, il crache… mais il continue.

Jusqu’au jour où ca ne va vraiment plus, il ne tient plus debout, il ne mange plus, son abdomen gonfle de jour en jour… examens, urgences d’une clinique à Santo Domingo. Il y entre le mercredi soir…

C’est vers 1h du matin, le dimanche suivant que la sinistre sonnerie du téléphone résonna dans le Château de Feuilles. Les chiens ont remué en tout premier, inquiets d’être ainsi dérangés en pleine nuit. Puis, je me suis extirpée avec quelques difficultés de mon lit tout chaud. Allo… Bonjour madame, il faut que vous veniez très vite, demain matin tôt, il ne va pas bien du tout… Coup de massue. Même si sa faiblesse et ses passages répétés en soins intensifs me laissaient un goût amer, l’entendre formulée ainsi était très perturbant…

Mimi est parti sans faire de vague, sans savoir qu’il partait, sans souffrir.

Il me manque tant et me manquera toujours. Il m‘appelait chérie et sera mon dernier amour.

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Claude Perrin… le retour de l’enfant prodigue.

Après un long séjour à St Martin, plus de 10 ans, fatiguant, épuisant, mais aussi riche en belles rencontres, studieux et enrichissant, Claude Perrin est de retour en République Dominicaine pour une pré-retraite bien méritée.

Beaucoup le connaissent d’il y a 12 ans en arrière. Pour d’autres, voici son portrait en quelques lignes. Claude, c’est 45 ans de vie au contact des chiens, c’est dire qu’il les connait bien. Mais, pas que, il possède de facon intrinsèque un véritable don qui lui permet en quelques regards de communiquer avec le chien et bien sûr avec son maître. A l’instar de Cesar Millan, la vedette du petit écran, génial et charismatique, on peut dire sans ambages de Claude qu’il est « l’homme qui parle à l’oreille des chiens ».

Comportementaliste.

« Le comportementaliste canin est un spécialiste du comportement du chien qui va analyser la situation, comprendre les comportements gênants du chien suivi et proposer un plan de travail adapté selon la problématique. Ces comportements gênants peuvent être l’agressivité ou la peur par exemple. » En clair, la vie avec son chien doit être et ne peut être qu’un bonheur de tous les instants. Si ce n’est pas le cas, si une gêne s’est installée dans les rapports maître-chien, il est urgent de faire appel à un comportementaliste canin. Les promenades sont une torture, il détruit tout à la maison, il est agressif envers ses congénères, vos invités, vos enfants, voire vous-même, il a peur de tout, il aboie sans arrêt, il mange ses crottes, il fait ses besoins dans la maison, il refuse de vous obéir… bref, bonjour l’angoisse. A partir de maintenant, vous pouvez compter sur l’aide de Claude qui, à vos côtés fera tout ce qui est en son pouvoir pour que votre cohabitation maitre-toutou se passe comme un charme. Et, en vrai, ca fonctionne. Grâce à ses conseils, à sa patience, à son amour profond pour la gente canine, à son professionnalisme, j’ai pu vivre une vie sereine et dans un pur bonheur avec … 11 chiens.

Il vit à Cabrera mais est prêt à se déplacer chez vous à Las Terrenas ou alentours si la demande se fait sentir. Il suffira de mettre tous les protagonistes d’accord et de choisir un jour ou deux dans la semaine pour satisfaire le plus grand nombre.

Instructeur canin professionnel

Claude Perrin a profité de son long séjour à St-Martin, où il travaillait de nuit avec son binome chien, pour « reprendre » ses études, autant dire partir de zéro et gravir peu à peu tous les échelons pour décrocher le pas si simple diplôme francais d’instructeur canin professionnel grâce auquel il a pu monter sa propre boîte de surveillance. Ce diplôme lui a entre parenthèses également valu l’insigne honneur d’être choisi avec la team MolinaK9 de Santo Domingo pour être l’instructeur privilégié de la brigade canine de République Dominicaine.

En ce qui vous concerne, la protection de votre compagnon à quatre pattes reste à tous points de vue la plus efficace. Pour cela, il est indispensable, en même temps que l’apprentissage à la défense du maître d’inculquer à votre toutou une vraie obéissance. Les cours de dressage de Claude, tout en douceur, en récompenses, en reconnaissance du travail accompli par le petit élève sont d’une efficacité redoutable. D’une séance à l’autre, vous constatez l’évolution.

Molina K9 dog training

C’est tout naturellement que dès son retour au pays, Claude s’est rapproché de son ami Molina, créateur et dirigeant de MolinaK9 dog training à Santo Domingo. En partenariat avec cette prestigieuse team de professionnels du chien, Claude est en mesure de dénicher pour vous le chien qui vous correspond, dressé ou non. Ils sont en outre les seuls habilités en Rep. Dom pour proposer aux entreprises qui le demandent un Watchiman avec chien, excellente alternative aux watchimen armés que rien n’empêche de s’assoupir. Le chien, lui, ne dort jamais que d’un œil.

Convaincus, envie d’être en parfaite osmose avec votre quatre patounes, envie qu’il vous défende le cas échéant, n’hésitez pas, un petit coup de fil de ma part Claude Perrin . 809 923 3636

L’atelier gourmand, tout pour séduire.

Je passe devant à chaque fois que je me rends au village. Du coup, intriguée, je décide de me lancer, franchis le pas de la porte vitrée et me retrouve, comme par enchantement dans un bel écrin noir et blanc, baigné de soleil au décor minimaliste ponctué de ravissants portraits d’animaux très glamour. C’est la jolie Ambre qui m’accueille, tout sourire. Puis, Fabrice l’un des maîtres des lieux vient à ma rencontre, tout sourire lui aussi. Mais oui, Fabrice je le reconnais, il a fait ses armes à LT comme responsable de la boucherie du Lindo, il y a quelques années.

Avec deux autres compères gourmands et gourmets, ils ont décidé un beau matin de créer au village un concept jusqu’alors inexistant, une vraie boucherie-charcuterie haut de gamme à l’européenne. Leitmotiv : rien que du fait maison. Fabrice qui côtoie le monde de la boucherie depuis 39 ans est prêt à relever le défi. L’endroit vaste et pratique est vite trouvé, ce sera l’ancien supermercado Ignacio calle Carmen. L’espace s’y prête à merveille et avec l’aide de Clarisse, la talentueuse décoratrice compagne d’un autre Fabrice, compère et associé du premier, ils ont tôt fait d’élaborer un plan astucieux. Une partie cuisine vaste et épurée, une partie labo ouverte sur l’espace boutique. L’espace vente est un véritable petit bijou tout droit sorti de l’imagination de la jolie Clarisse. Loin des clichés « boucherie » classiques et ses petits carreaux rouges et blancs, ici tout est noir et blanc. Au mur, délicieux clin d’œil, quelques très jolis clichés d’animaux trop mignons, jouant à la star.

 Les produits proposés sont tous d’origine locale. Porc, agneau, boeuf sont triés sur le volet par un Fabrice très exigeant qui n’hésite pas à faire maturer sa viande de bœuf, à la faire doucement murir en chambre froide pour qu’elle se transforme en une pure merveille goûteuse et tendre à souhait. Mais, sa grande spécialité, le chouchou incontestable des clients malins demeure sa charcuterie, pâtés de campagne, aux cèpes, au poivre vert, fromage de tête, saucisse provencale aux parfums de garrigue ou encore l’authentique saucisse de Toulouse unique à LT. Chaque jour vous est également proposé un plat cuisiné simple et délicieux, légumes farcis, tomates, poivrons, courgettes, christophines, lasagnes, gratin dauphinois moelleux à souhait, bœuf bourguignon, véritable paella espagnole à la viande ou aux fruits de mer… Bref tout pour vous séduire et affoler vos papilles.

Ah oui, chaque jour poulet grillé ou comme ce dimanche petit cochon à la broche. Régulièrement nos compères gourmands proposent des ateliers de dégustation accompagnés d’un petit verre de vin qui va bien. Un plus encore, des œufs tout frais en provenance de Limon, de quoi vous régaler sans modération de bons œufs à la coque aux mouillettes craquantes….

Si le cœur vous en dit, si l’envie de produits haut de gamme à prix tout doux vous appelle, n’hésitez pas à faire un petit tour à l’Atelier gourmand. Si vraiment vous êtes trop paresseux pour vous y déplacer, pas de panique, l’Atelier Gourmand est également sur l’appli Komida.

Merci Ambre et Fabrice vous votre accueil et merci pour cette belle initiative. Bon appétit tous et belle semaine.

L’Atelier Gourmand . (809) 846-3155