
…. On y est presque, une effervescence communicative règne dans le village, les patrons de négoces s’agitent, font des pronostics, ajustent leurs stocks, les chapiteaux se montent sur les plages, les panneaux publicitaires géant Presidente ou Brugal fleurissent un peu partout, hôtels et maisons de locations affichent complet, et……Pedro, le jardinier voisin, gardien d’une maison de vacances de riches dominicains de la capitale n’arrête pas de tondre sa pelouse. La semaine Sainte est en vue et risque d’être « chaude ».
Bien loin de sa vocation initiale de fête religieuse, la Semaine Sainte est devenue, en République Dominicaine, notamment, une vaste liesse populaire. Les habitants délaissent les villes du jeudi au dimanche et se ruent sur les côtes, Boca Chica, Sosua et de plus en plus Las Terrenas (ben oui nous ne sommes plus qu’à 2h de la capitale, 5h il y a peu encore). Elle est au centre de toutes les discussions, est attendue avec hantise ou convoitise selon que l’on soit restaurateur, hôtelier ou simple résident. Elle est toujours synonyme de festivité à outrance, de bruit, de musique, de rires, d’allégresse et de gens qui parlent fort. On n’a pas le choix, tout dominicain qui se respecte a le devoir de s’amuser durant ces quelques jours où tout ou presque est autorisé, sinon, il passe pour un idiot. Et pour se dérider, rien de tel qu’une petite bière ou un petit rhum, ou deux ou trois, ou vingt….. La semaine Sainte, c’est aussi la semaine la plus dangereuse de l’année. Entre accidents de la route, noyade, intoxications alcooliques….
Il y a quelques années, à une époque pas si lointaine où Las Terrenas ne connaissait pas encore une telle infrastructure hôtelière, hôtels, maisons d´hôtes, centaines de maisons de location, les familles venues faire la fête et retrouver cousins, cousines, tatas et tontons campaient sur les plages. Un beau fouillis de gosses braillards, de sono à fond la caisse, de gens qui dansaient une bière à la main, de barbecue de fortune et d’odeurs de viande grillée, d’autos garées en vrac, bref un vaste capharnaum, mais sympa quand même. Un petit quelque chose qui me rappelait la Semaine Sainte à St Barth (ou plus généralement dans toutes les Antilles Francaises) et sa coutume sympa de camper sur les plages, de s’y retrouver en entre amis, en famille, et de passer de longues heures attablé devant un colombo de cabris, de porc, ou l’incontournable matété de crabes . Mais, je vous rassure, si, aujourd’hui l’ambiance est un peu plus policée, le vaste bordel de la Semaine Sainte est toujours d’actualité et, vaut bien un petit coup d’œil. Et si dans les Antilles on vénère le matété de crabes à Pâques, ici ce sont les habichuelas con dulce qui sont à l’honneur. Un dessert typique de la Semaine Sainte , sorte de soupe froide faite à partir de haricots rouges, de patates douces, de lait concentré sucré, de lait de coco et de vanille, un vrai délice!
Bonne Semaine Sainte à tous ….. espérons qu’avec l’affluence attendue au village, la nouvelle compagnie d’électricité tiendra ses promesses d’excellence et ne nous fera pas faux bond, en nous laissant dans le noir complet !