Au début, tout au début on se dit, parce que l’on nous dit… non, pas ici, les cyclones ne s’avisent jamais de passer en République Dominicaine ou bien c’était il y a bien longtemps. Heu.. pas si longtemps, j’ai connu Jeanne qui a inauguré la destruction de mon Château de feuilles il y a pile 18 ans… Mais cependant, on veut y croire… y croire de toutes nos forces…il y a le canal de la Mona puis la montagne puis tout ça…
Puis la bete approche, les yeux rivés sur les cartes météo, on voit bien le gros phénomène menaçant, pernicieux, insolent, nous narguant de toute la force de sa puissance délirante. Alors on s’agite un peu, on coince les volets récalcitrants, on range les objets les plus volatiles, zut j’ai oublié mon pauvre parasol… on retire les jolis voilages, on décroche les tableaux , les miroirs de la terrasse. On entasse les chaises et rentre les fauteuils, les canapés, les coussins. La maison est toute remplie d’objets hétéroclites et les chiens très surpris s’en donnent à coeur joie, sautant d’un fauteuil à l’autre et se lovant dans les coussins.
C’est pour bientot. Plus d’échappatoire, elle passera bien sur notre tête, ébouriffant au passage nos pauvres toits de cana et les palmes de nos cocos. Alors, on s’enferme, on part se coucher, du bleu au coeur et on se réveille aux premières rafales, on se recouche, 5h30 debout. Ca commence a souffler, déjà. Juste le temps d’un petit pipi pour les chiens, pas franchement rassurés et zou, on se confine tentant de guetter par les clayettes. Le temps passe et l’on commence à entendre des bruits furieux, inquiétants. Bing, la luz se fue… heureusement mon bel amour de planta a pris le relais, elle ne savait pas qu’elle allait bosser 4 longues journées…
Paf, un bananier…. puis un autre, un autre, un autre….crac un cocotier au milieu de jardin… il est 10h et ça s’affole dehors. Le toit a pris un coup et la pluie s’invite dans la cuisine… du coup le frigo court circuite et l’on se prend des coups de jus à chaque tentative d’ouverture de porte. Bamboo (ma petite chienne) adore, elle fait la folle dans cette piscine cocasse, totalement improvisée, sous les yeux hagards des 3 autres toutous plus raisonnables. Aie la cana de la terrasse en a profité pour s’envoler… il pleut fort et cette fois l’eau s’invite partout ou presque. Dehors, devant, derrière le vent souffle comme un forcené, les cocos s’agitent dans tous les sens . Leur petite houppette de pencas fragilisées se tord, se désaxe, se renverse. Puis, soudain, un fruit d’enfer, deux énormes palmiers siamois (et oui ils partagent le meme socle de racines) s’affalent sur la piscine profitant sans vergogne d’un petit bain rafraichissant dans une eau, carrément vert fonce.
Ca fait beaucoup, je commence à craquer, à me demander jusqu’ou ca va aller. Je pleure ou je fais la fière? Les deux mon capitaine, les nerfs lachent. Midi et demi, accalmie, le fameux oeil du cyclone… pas longue l’accalmie, 10 minutes plus tard Fiona, terrible ouragan reprend des forces et s’acharne de plus belle sur nos pauvres tetes…
Puis, le vent s’apaise, la pluie se calme, avec précaution je déverrouille une porte, jette un oeil horrifié. Un carnage. Des arbres morts, arrachés ou cassés de partout, pas un cm carré épargné. Je ne peux pas aller bien loin mais c’est suffisant pour prendre conscience de l’étendue du désastre apres12 heures d’angoisse intense.
C’est le soir, rien d’autre à faire que tenter de se coucher et dormir… demain sera un autre jour.
