Le coup d’coeur d’un photographe fantasque pour un monde imaginaire

Ce n’est que tout récemment que Michel est revenu à sa première passion, la photo, tout à fait par hasard. En se baladant sur les plages de Las Terrenas ou du Brésil qu’il a gardé dans son coeur, son oeil aguerri fut attiré par un monde étrange que lui seul était capable de deviner sur les coques abîmées des barques de pêcheurs. Ces détails infimes, invisibles ou anodins pour le commun des mortels interpellèrent l’artiste qui vit en lui. Sans intention particulière, il se mit alors à photographier ces « accidents » de barques.

C’est peut-être, c’est sûrement, parce qu’au fond de lui il est resté un petit enfant que Michel réussit à voir, à débusquer, des choses que le commun des mortels n’imagine même pas, comme un gamin s’inventant de belles histoires. C’est vrai, après avoir plongé dans son monde imaginaire, il nous arrive, au gré de nos balades d’essayer de faire vivre à notre tour ces créatures étranges qui prennent un malin plaisir à nous observer. Parfois, on réussit. Clic, clac, un gentil monstre est capturé dans notre boîte à images. Mais, c’est juste parfois. Pour lui, c’est devenu une seconde nature ou même sa première nature. L’œil aguerri, toujours à l’affût, l’instamatic à portée de main, il ne se lasse jamais, fouille, inspecte, devine sur les coques fatiguées, abîmées des personnages incongrues, gargouilles, oursons, baleines bleues ou blanches, toucans ou rhinocéros, des savanes africaines, des harmonies de couleurs, des scènes de vie aussi…. Détails infimes, anodins qui se transforment pour notre plus grand plaisir en un bestiaire magique, en scènes bucoliques qui s’offrent sans ambages à nos yeux émerveillés.

Depuis ses dernières expos, Michel, insatiable artiste un brin fantasque, a ramené dans sa besace, surprenants et ludiques, d’autres audacieux compères que je vous livre aujourd’hui. Et si, je leur ai donné un nom, c’est à vous de les découvrir, de les ressentir et de les faire vivre.

Le coup d’coeur d’un photographe fantasque pour un monde imaginaire

Il dit: « Le monde est peuplé de créatures étranges qui prennent un malin plaisir à nous observer ».

Son œil aguerri lui permet de les rencontrer, au gré de ses escapades au Brésil, dans les rues du village, le décor d’un bistrot, mais surtout, sur la plage langoureuse où sommeillent les barques colorées.

Il nous le livre aujourd’hui, sans intention particulière, à travers des clichés très graphiques, hauts en couleurs qui racontent tous une belle histoire.

Histoires de voir, oeuvre abstraite très personnelle, d’une poésie et d’une force extraordinaires, illustre à merveille la magie de la photographie : mettre sous nos yeux une image réalisée par un autre, mais qui n’appartient qu’à nous par l’interprétation que nous en faisons.

Entrons dans le jeu et, sans ambages, partons à la découverte de ces « créatures étranges qui prennent un malin plaisir à nous observer… ».

Commencons la balade dans une symphonie ouatée de beiges et de grèges.

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De charybde en scylla…

Il y a quelques temps déjà, je vous racontais notre impatience de découvrir notre nouvelle vie au Brésil… hélas, l’impatience se transforma bien vite en angoisse. De déconvenues en déconvenues, d’accident en prise d’otage, notre quotidien était devenu un enfer. Aussi 6 mois plus tard, nous étions de retour à la case départ. Retour à Las Terrenas. Ici, la gérance du Syroz, de charybde en scylla n’aboutit ni plus ni moins qu’à l’abandon du dernier responsable.

Ce fut le moment d’accomplir un rêve, mon rêve, une maison sur la plage. Un petit nid douillet, exquis, unique que nous pourrions louer à quelques privilégiés, amoureux d’authentique. En profiter aussi lors de mini-vacances au bord de l’eau. Aidés par un ami, Gérard, nous avons tout déblayé, imaginé, dessiné puis réalisé ce qui allait devenir La Roulotte. Un lieu magique, au centre du village, bercé par l’océan à quelques pas. La patte inimitable de Mimi, amoureux du beau, mon amour pour les jolies choses et le travail tiré au cordeau de Gérard firent de cet endroit l’une des adresses d’exception de Las Terrenas.

Hélas, notre ‘’fabuleuse’’ maison de Trancoso avait bien du mal à trouver preneur et les finances commencaient à s’en ressentir. Aussi lorsque deux amoureux du Syroz proposèrent à Mimi d’acheter la Roulotte pour en refaire un bar, le cœur en peine, il accepta. Avant de céder notre petit nid d’amour, il organisa une superbe exposition de ses photos…. Mais je vous en parlerai tout bientôt.

Le cœur à nu.

Cinq longs mois tout pile que, dans la plus grande dignité, celle qui te caractérisait, tu as tiré ta révérence. Tu nous as abandonné ton Château de Feuilles, tes amours à quatre pattes et moi…

Beaucoup me demande, comment ca va…

La vie n’est pas simple sans toi. Moi qui ai toujours détesté les montagnes russes, je suis en plein dedans. Alors, oui, il y a des jours où ca va plutôt bien. Je regarde autours de moi toute cette beauté, je regarde mes quatre petits, j’écoute de la musique, celle que tu aimais, je lis, je me plonge avec délectation dans ce que tu appelais ‘’mes films à la con’’, ceux du début d’après-midi dont l’intrigue simplette est toujours la même. Et puis j’écris, je te raconte à ma facon et ca me fait du bien. Mais il y a aussi ces jours cruels où va savoir pourquoi, l’absence s’invite, m’étouffe jusqu’à devenir une vraie présence maléfique. Je me recroqueville, je pleure, mes chiens ne comprennent pas, je ne veux rien ni personne, je suis juste souffrance. Puis ca passe et le soleil me sourie à nouveau.

Jusqu’à quand vais-je subir cette vie en dents de scie. Parce que à chaque fois que le ciel de mon cœur s’éclaircit, je pense que c’est fini, que je peux vivre avec ton seul souvenir, ta douce absence-présence, tu es partout autour de moi, de nous. Mais non, trois, cinq, dix jours plus tard le spleen revient et je n’ai plus envie de rien.

Ne me dites pas de sortir, c’est pire. Je me force une fois par semaine à quitter mon Château de feuilles, histoire de ne pas oublier de nourrir mes toutous. Un aller-retour vite fait pour acheter essentiellement leur nourriture. Vite je reviens et je me sens mieux, seule dans ma tanière. Ne me parlez plus de restaus, de voir des gens… non, je ne veux pas, pas pour le moment en tous cas. Je veux extirper ce blues latent avant de revivre comme une personne normale. Attends, j’ai quand même pris rendez-vous chez Bruno, le coiffeur. Faut dire que côté capillaire, je tiens beaucoup de la sorcière en ce moment. Puis j’aurai tout bientôt la visite de mes nièces que je n’ai pas vues depuis… une vingtaine d’année et là du coup, ca me fait plaisir. Est-ce signe de guérison, convalescence en tout cas.

Voilà je vous ai mis mon cœur à nu. Je t’aime Mimi, aide-moi à aller bien et à avoir le courage de marcher à nouveau sur la plage, sans personne à mes côtés…