La rue, une atmosphère envoûtante.

Entre les brunchs gargantuesques de Miguel, les longueurs dans la piscine pour tenter d’effacer les effets indésirables des brunchs gargantuesques de Miguel, les balades le long de la plage à la recherche du subtil dollar des sables, les batifolages dans les vagues, les câlins aux chiens de coco, les chevauchées fantastiques sur la plage (mais oui, ils ont tant aimé qu’ils y sont retournés…), notre petite douce famille ne voit pas le temps passer. Aujourd’hui, histoire de se plonger dans l’atmosphère envoûtante de Las Terrenas, ils s’offrent une longue escapade le long des rues. Quoi de mieux pour communier avec l’âme du village. Bien chaussés, le museau crémé, monsieur soleil tape fort sur le village aussi, légèrement vêtus, ils abandonnent l’auto au Paseo et les voilà partis à l’aventure, p’tit Raoul bien installé comme toujours dans le T-shirt de papa Elliot.

C’est la première fois qu’ils prennent le temps de flâner ainsi sur les trottoirs, loin de la plage et de son sable blond et ils n’ont pas trop de leurs 4 paires d’yeux pour savourer tout ce qui les entoure. Et ça commence direct avec la belle galerie de Claude Lachamp Haitian Caraibe Gallery. Passionné par Haiti et amoureux inconditionnel des fabuleux peintres de ce pays, il expose dans sa galerie de très belles toiles colorées d’artistes reconnus ou de jeunes talents. Une gamme pointue de cigares dominicains et de très beaux paréos retiennent également l’attention de la petite famille… La Boulangerie française, ça les fait marrer si loin de chez eux. Ils n’imaginent pas notre plaisir à nous pauvres expatriés de croquer chaque jour dans une baguette bien croustillante ou un croissant bien beurré.

Puis les yeux sont inévitablement attirés par le monde de la rue. Ses boutiques de bric et de broc aux toits improbables, les vieux assis sur leur chaise en plastique, les enfants si beaux qui jouent derrière les grilles des petites cases proprettes aux couleurs acidulées, les viralatas qui partent en quête de nourriture. Les guaguas se rassemblent, débordant de légumes, fleurs, souliers, vêtements colorés, bassines en plastiques, elles animent chaque jour les calle du village, se mêlant au joyeux chaos des motoconchos pétaradants, à la musique, poussée à fond, et aux odeurs alléchantes de pollo al carbon. Venues de la montagne, de Samana, Santiago, Santo Domingo, les guaguas parcourent la campagne dominicaine et de village en village proposent leur marchandise tant convoitée, fruits gorgés de soleil, ustensiles de cuisine colorés ou en fer blanc, robes de princesse, fleurs multicolores… Autochtones, touristes et résidents adorent farfouiller et dénicher, pour leur plus grande fierté l’objet rare, polo Lacoste (presque vrai) à 50 pesos, micro jupe en jean griffée DKNW qui va faire un malheur avec ce petit top sans marque mais tellement tendance. Parmi les résidents, beaucoup s’y affichent sans fausse honte, d’autres y viennent en catimini, priant le bon Dieu que les copines ne les y surprennent pas. Et pourtant, le déplacement en vaut la peine, ne serait-ce que pour le folklore, le coup d’oeil, l’ambiance bon enfant… les guaguas, c’est tout Las Terrenas. C’est trop mignon.

Autre atout de charme, les marchands ambulants qui déambulent inlassablement dans la rue, sur la plage, entrent dans les commerces. Crevettes, langoustes, poissons, bijoux, lunettes, disques, paniers…il y en a pour tous les goûts et à tous les prix.

Les boutiquiers ayant pignon sur rue lèvent leurs rideaux, et les délicieux petits métiers désuets mais si charmants, couturiers, coiffeurs, barbiers, colmados, échoppes débordant de fruits et légumes, les artistes aussi, les peintres, démarrent leur journée et l’atmosphère étrange et subtile, qui ne se retrouve nulle part ailleurs prend possession des lieux.

Plus hard, moins glamour et pourtant tellement local, les échoppes de viande et de poissons ont tendance à effaroucher nos quatre amis incrédules. Il faut dire qu’en voyant ces grandes carcasses de viande accrochées devant la porte et souvent couvertes de mouches on a juste envie de prendre les jambes à son coup. Et pourtant, elles attirent souvent la convoitise des habitants qui les savourent à l’avance en les imaginant dans leurs assiettes.

Thomas, Mylène, Elliot et Tess sont ébahis par toute cette vie insolite et passionnante. Les échanges sont courtois et nos quatre amis se retrouvent bientôt chargés comme des mulets de fruits juteux, de fleurs exotiques, de lunettes très tendances, de baskets très stylées, de paniers, de disques de bachata ou encore de citrons verts très prometteurs…

Coup d’coeur: la flânerie se poursuit….

Tout en continuant mon escapade parmi les couleurs et les odeurs de la rue, je pense à tous ces malheureux aux œillères protubérantes qui sont passés ou qui passent encore à côté de ces petits bonheurs du quotidien.

Etape 2 . Des négoces « prestigieux », des personnages hauts en couleurs….

Je n’avais jamais remarqué qu’au fur et à mesure de la « montée » de la calle Principale, les petites échoppes faites de bric et de broc se transformaient en commerce « de luxe ». Non, j’rigole pas, les façades sont immenses, les vitrines exposent une foultitude d’objets surprenants, mêlant avec audace, poupées dominicaines, mamajuana, piles, tambourins, tasses et cocottes minutes, les enseignes jouent l’éloquence ou préfèrent l’anonymat et les rayons hétéroclites débordent des produits les plus spectaculaires….. de véritables supermarchés dans lesquels s’agitent sur des airs de bachata tout un tas de jolies filles et de beaux garçons.

Puis, acteurs indissociables d’un charme suranné,  les petits métiers confèrent sans nul doute son identité forte et son charisme à notre petit village . La musique souvent à fond, les artisans, jeunes ou vieux, véritables ambassadeurs de la vie sociale, exercent leur art avec toute la bonhomie des gens qui aiment la vie. Coiffeur high tech, à la pointe de la technologie (pablito.com) ou coiffeur d’occasion, hilare et sympathique, testant sa dextérité sur la tête d’un pote, au milieu d’une galerie de peintures en plein air, coiffeuse aussi plantureuse que talentueuse dans son salon coquet, réparateur d’électro-ménager, vendeurs de poulet crus ou vendeur de poulet rôti, fabricant de cigares, concho bien sûr mais aussi vendeur de camarones, de crabes, sans oublier les savetiers, les couturiers, etc…. tout un petit monde délicieux, savoureux, gentil et haut en couleur.

Au hasard d’une balade, difficile de ne pas croiser le chemin d’une des figures emblématiques de Las Terrenas. Ramon, l’œil mauvais mais doux comme un agneau, Bomba, le fana des champignons hallucinogènes, le tout petit marchand d’herbes aromatiques ou de jolis paniers d’osier, selon les jours. Je l’ai toujours connu, identique, il n’a pas d’âge celui-là et pourtant il en fait des kilomètres chaque jour depuis Limon pour vendre ses trésors aux restos ou aux touristes. Sarah, l’unique, la courageuse et belle Sarah à la gouaille légendaire. Elle, je l’adore tout comme son petit lolo Paco-Mer. Et puis, Rosita bien sûr, l’artiste-peintre qui s’est installée avec ses jolies toiles au bord de l’eau, calle Carmen. Un vrai talent, une belle personne.

Et puis, et puis, il y a les insolites, végétation exubérante au milieu du village, maison d’un autre monde, terrasse surchargée, ……. A très vite.

 

Coup d’cœur: flânerie en solitaire….

 

Froissée et profondément indignée par les propos injustes et désobligeants sur Las Terrenas qui, ces derniers jours, ont émaillé les réseaux sociaux de leurs bassesses, j’ai eu l’irrépressible envie d’une longue balade au cœur du village. Sans but, ici et là, l’appareil photo en bandoulière, je suis allée à la rencontre des lieux, des gens, des paysages, des architectures insolites, des plages….. flânant avec volupté parmi les couleurs, les odeurs, les bruits si chers à mon cœur. Je vous livre ici quelques images de ma flânerie en solitaire, avec le secret espoir de vous faire partager l’immense plaisir que j’éprouve chaque jour, en privilégiée que je suis, à vivre dans cet endroit unique, magique, ensorceleur.

Etape 1 . Des fruits, des fleurs, beaucoup de bonheur….

Depuis quelques temps, elles font partie intégrante du paysage de Las Terrenas. De jeunes haÏtiennes, souriantes et emplies d’une belle dose de courage, arpentent inlassablement les rues et les plages du village, proposant à une clientèle ravie fruits et légumes gorgés de soleil. De temps en temps, elles disparaissent de la circulation et leurs habitués sont déboussolés. C’est que, de temps en temps, les autorités pètent un câble confondant délinquance et délicieux clichés. Alors, on leur confisque leur outil de travail, leur brouette, durement acquises, on les menace, on leur parle mal… mais très vite, à notre grand soulagement, elles réapparaissent et, infatigables, reprennent leur course acharnée, leur dur labeur.

Quand je suis arrivée, il y a plus de quinze ans, très difficile de dénicher un endroit pour s’offrir de jolies fleurs tropicales. Bien sûr, nous avons nos généreux jardins qui, pour peu qu’on leur apporte une petite dose d’amour quotidienne ne se lassent pas de nous régaler de leurs fleurs multicolores. Mais, c’est beau des kiosques fleuris et le village en manquait cruellement. Aujourd’hui, de ci, de là, à condition d’ouvrir bien grand les yeux, on réussit à en découvrir quelques-uns….. à commencer, merveille des merveilles par la délicieuse boutique de Jordy Taller de los Flores.

Puis, il y a les colmados et autres boutiques plus farfelues les unes que les autres. Minies, toute petites ou grandes, bien achalandées ou plutôt désertes, on trouve dans ces petites échoppes, dans un délicieux fouillis, tout ce qui peut nous être utile dans la vie quotidienne, ou presque… ou plus… à prix tout doux. Et, c’est dingue, quand on flâne ainsi dans la rue de constater le nombre incroyable de ces négoces insolites ou très chics, débordant de créativité. A bien y réfléchir, Las Terrenas est très capitaliste non? A peu près chacun de ses habitants travaille à son propre compte. On agrandit une fenêtre, fait un trou dans le mur, ouvre grand la porte et le tour est joué, on a pignon sur rue, même si les murs sont de guingois et le toit plus que brinquebalant…. Un vrai régal.

La balade est loin d’être terminée, et c’est très vite que je partagerai avec vous d’autres instants de douceur et de convivialité, d’autres images belles de ce village si particulier, au milieu de gens juste adorables. A très vite pour la suite de ma flânerie en solitaire.