Mon château de feuilles….

Château de feuilles. C’est le doux nom énigmatique que lui donne Mimi et je dois avouer que ça lui va bien. Et, maintenant qu’on lui a débarbouillé le museau et maquillé de rouge sa belle entrée, elle est plus craquante que jamais. Ma drôle de maison au toit de cana, au milieu de sa jungle. Je l’aime tant. J’aime tout, sa terrasse fatiguée, ses pots explosés par les racines pressées de retrouver leur liberté.  Les troncs de cocos ou de palmiers où se sont nichées de nouvelles plantes folles qui poussent à tire-larigot. Le vaste jardin d’herbes sauvages où la belle pelouse d’origine n’est plus qu’un lointain souvenir, paradis de mes copains à 4 pattes. Les coins et recoins, les palissades avachies, la jolie fougère qui s’incruste dans chaque interstice. Les fleurs qui égaient çà et là de leurs couleurs acidulées une végétation dense mais amicale. Ma grande et belle piscine à l’eau chaude, toute douce et limpide, mon amie et ma coach sportive. J’aime la fraîcheur qui nous enveloppe quand nous nous pelotonnons sur notre grand canapés au milieu de coussins moelleux, si tant est que mes toutous me laissent une petite place. J’aime tes murs chahutés recouverts des toiles et des images que j’aime, mon mur de filles, mon Indien brésilien, le délicieux petit enfant de Sophie, les photos troublantes de Michel. Et puis, les canetons hétéroclites, le coq en papier mâché qui a connu des jours meilleurs, les chiens de plâtre, de résine, de bois, les angelots et les bibelots pas précieux, les souvenirs du Brésil, ceux d’Afrique…. qui me suivent d’années en années au hasard de mes différentes vies. Toute la journée, je savoure le plaisir de vivre,  dedans, dehors sans barrière, sans fenêtres et sans carreaux. Et, le soir venu, quand la nuit tombe et qu’inévitablement l’angoisse me prends, j’aime tes lourdes portes  qui se ferment bien fort et me protègent. Je t’aime ma maison si différente des autres…. Il y a des chiens, des fleurs, ces cerises, un drôle de garage où poussent des chinolas, des hamacs dissimulés dans la végétation ou fier, tout près du bungalow, histoire de passer de longues heures à s’évader dans la lecture, il y a des allées couvertes de feuillages, il y a des bouquets, toujours des bouquets, il y a une âme dans et endroit. C’est mon château de feuilles et, quand je me souviens, tout à coup, qu’un jour, piquée par je ne sais quelle mouche pernicieuse, l’idée m’est venue de le quitter, j’en frémis d’effroi….. Ne serait-ce pas lui, mon château rebelle qui a tout fait pour que le projet brésilien échoue et que l’on revienne bien vite se nicher dans ses feuilles…

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