C’est une longue et belle histoire entre nous. C’était en juillet 2004…. Un dimanche matin, quelqu’un sonne à la porte, Ricardo, le maestro de la cana venait vérifier si tout était en ordre sur notre toit. La maison était terminée depuis peu. Dans ses bras, une cagette, et dans la cagette….. deux petites minuscules choses s’agitaient, gémissaient, le corps à peine couvert de poils et les yeux complètement clos. A l’époque, j’étais encore sous le choc de la perte de mon amour infini, Eva, ma petite westie. Depuis, Choupita la délicieuse chatte blanche aux yeux pers et Mina la « petite-fille » de Patricia, jolie chienne de coco noire et feu partageaient ma vie … mais j’étais encore si triste. En voyant ces deux petits bouts de chiens, si vulnérables, si fragiles, mon cœur s’est déchiré, j’aurais fait n’importe quoi pour étrangler ceux qui les avaient abandonnés sur la plage, près d’une poubelle et n’importe quoi pour leur sauver la vie en leur donnant tout mon amour. J’en pris un dans mes bras et ne le lâchais jamais plus. Ricardo s’est occupé du second.
Domingo était entré dans ma vie. Pas facile au début, il devait avoir une dizaine de jours au maximum, tout tremblant, le bec toujours ouvert, affamé sûrement. Vite je filai acheter un biberon de poupée que je dénichais je ne sais où, de la farine pour BB, du lait écrémé et c’était parti pour de longues journées et nuits à nourrir cet adorable petit être…. Toutes les deux heures….. En apprenant cette aventure TOUT le monde me disait « ne t’attache pas, il ne peut pas vivre, il est trop petit »…. A l’époque, pas de vétérinaire complice, Enrique n’est venu que bien plus tard. Hannibal Mata, c’était le nom du seul véto à des kilomètres à la ronde. Il arrivait de Sanchez sur sa mobylette avec sur son porte-bagages un vague assistant et sa mallette à « outils » et avait vraiment peu de temps à consacrer à des questions existentialistes sur la vie ou la mort d’un petit chiot !
Malgré les avis, je tins bon, aimais Domingo de tout mon cœur. Il dormait dans mon lit et c’est souvent à moitié endormie que je lui donnais son biberon plusieurs fois la nuit. Un jour, il a ouvert les yeux, m’a regardé….. Quelle émotion. Il commençait à se déplacer seul sous le regard intrigué de Choupita et Mina. Un matin, un peu plus tard il s’est réveillé avec deux oreilles immenses, toutes droites sur sa toute petite tête. Le choc, il était affreux. Les oreilles d’un chiot ont déjà leur taille définitive. Mais je crois que je l’aimais encore plus. Puis, ce fut sa queue qui commença à m’intriguer, obstinément, elle se tortillait en tire-bouchon.
Domingo a grandi, pas toujours facile, il m’a fallu passer dix jours avec Seb at Claude à Cabrera, il y a 10 ans pour essayer d’avoir une quelconque autorité. J’étais sa femme, sa maman, sa chose et même si c’était un amour de chien, il ne m’obéissait pas, mais pas du tout. 10 jours plus tard, tout est miraculeusement rentré dans l’ordre, notre amour était toujours aussi fort et réciproque mais c’était moi le maître. Ouf ça m’a fait un bien fou. Quand Claude est venu s’installer dans mon bungalow, et qu’il s’est mis dresser ses chiens et ceux de ses clients dans mon jardin, nous avons eu envie d’essayer avec Domingo. Incroyable, c’est qu’il était doué le bougre. Pas toucher à maman. C’était toujours lui le premier à venir me défendre, tous crocs dehors.
Et, si je vous en parle aujourd’hui, c’est que pour la première fois de sa vie, Domingo est à la clinique. Malgré toutes les mises en garde du début, il a une santé de fer et n’a jamais été malade. Mais là, depuis quelques mois, il souffre d’une vilaine hernie mal placée qu’Enrique refusait au départ de lui retirer…. Domingo a 13 ans aujourd’hui, un âge un peu élevé pour une opération. Mais vu la taille de la « tumeur » plus moyen de reculer. Il devait être opéré sous péridurale, ça ne semblait pas compliqué mais là, juste là, un coup de fil d’Enrique qui me panique, c’est plus grave que prévu, péridurale pas possible. Son coeur n’est pas très en forme non plus. Mais d’après lui, l’opération est absolument indispensable ou c’est une condamnation à mort. Il l’emporte tout à l’heure faire un électrocardiogramme à Santo Domingo puis l’opérer si toutefois c’est faisable sous anesthésie gazeuse. Bouhhhh j’aime pas çà et les heures qui viennent risquent d’être douloureuses.
Je t’aime mon p’tit vieux bonhomme et, avec tes 9 frères et sœurs, on t’attend avec impatience. Et quand tu reviendras, je te ferai plein de câlins et de tartines au beurre salé que tu aimes tant. A très vite.