Janvier

Janvier, c’est la saison câline des mots gentils et des billets doux. L’irrésistible désir de futurs soyeux, sages ou cocasses, de bouilles de gamins barbouillées de confiture, de mamies rayonnantes, de richesse rêvée et de sante optimisée.

Cahincaha, ma vie, amputée de lui, se déroule sans trop de secousses, langoureusement, voluptueusement solitaire. Ma vie, mes 3 amours de chiens, de captivantes lectures, des films oubliés, l’entretien du château de feuilles avec ses 20 années de bobos en tout genre. Ecrire aussi, de jolis mots partagés avec vous mes lecteurs, mes amis. Plus rares depuis que le capteur d’image s’en est allé, sans elles, ces belles images chipées avec tendresse, les mots n’ont plus la même saveur.

Pourtant, si résolution de nouvelle année il doit y avoir, ce sera de vous raconter à nouveau, en long, en large ce village qui, chahuté, bousculé, défiguré, parfois n’en demeure pas moins un endroit paisible ou il fait bon vivre.

Du fond de ma solitude si chèrement adorée, je vous souhaite une merveilleuse année 2025, douce, riche et caline.

La semaine « sainte » de Las Terrenas

L’an dernier, le bordel était à son paroxysme et tout le village ou presque a manifesté son mécontentement devant cette horde de pilleurs diaboliques faisant fi de la moindre éducation, hurlant, chevauchant des engins de mort au bruit infernal et pourrissant à qui mieux mieux plages et rues du village.

Devant cet état de fait, le maire réélu Willy a tenu a manifester son appui à la population en editant quelques mesures pour limiter les dégats.

Voici les mesures prises par les autorités qui ont constitué l’opération Pâques 2024, Las Terrenas.

1- L’installation de stands est interdite sur tout le littoral de la Calle Francisco Alberto Caalla deñó (Playa Las Ballenas), La Cual fonctionnera comme une rue à voie unique en direction est-ouest avec sortie par les Terrenos du terrain de golf vers la Ceiba et Playa Bonita.

2- Seules les installations de stands mobiles en soutien aux petits commerçants locaux à Playa Punta Popi et Calolima seront autorisées, sous autorisation écrite du maire.

3- Les stationnements seront interdits sur la rue Francisco Alberto Caalla Deño’ (Playa Las Ballenas) et des parcs publics seront mis en place pour les visiteurs du site.

4- Les stationnements autour de la pension photo de Punta Popi seront interdits, un parking public sera mis en place pour les visiteurs de la région.

5- Les maisons de campagne seront interdites dans nos espaces publics, rivières et plages.

6- Les véhicules ou les motos présentant des perturbations provoquant des bruits excessifs, violant les panneaux de circulation ou irrespectueux du piéton seront retenus.

7- Nous avons délivré une autorisation pour deux événements traditionnels pendant le match, face à Las Cayenas à Playa Las Ballenas et au Bonche Las Terrenas autour de Playa Punta Popi.

8- Les munices et les visiteurs pourront profiter d’importantes présentations artistiques entièrement gratuites pendant 3 jours à Punta Popi Beach, nous publierons dans les prochaines heures le panneau d’affiche des artistes.

9- Nous déclarons en session permanente le comité qui dirige l’opération Pâques 2024.

10- À Las Terrenas, nous vous accueillerons avec beaucoup de joie, nous vous demandons simplement de profiter avec modération et respect, de surveiller nos plages et nos rivières et de respecter les dispositions des organismes officiels.

J’en vois qui ricanent et je les comprends. Comment peut-on imaginer que les trublions, analphabètes et sans éducation, qui ne viennent que pour semer la zizanie a Las Terrenas, en aient quelque chose à faire de ces pauvres décisions assénées, tout à coup, par le maire du village. D’abord, comment seraient-ils au courant vu que depuis des décennies, le plus grand bordel est autorisé et qu’il est bien connu qu’à as Terrenas tout est permis. A mon avis, peu de chance que ces sages mesures portent leurs fruits.

Cependant, il faut quand même reconnaitre a Willy, qu’il a entendu les revendications de la majorité et qu’il a tenté d’y répondre de son mieux. Car, quoi qu’en disent les simples d’esprit, la semaine sainte de Las Terrenas ne doit rien aux traditions populaires mais tout a un vrai désir de débauche et de je m’en foutisme. Bacchanale de l’enfer, vision d’horreur, carnaval des fous.

Merci donc à Willy qui, malgré tout, ose affirmer son désaccord face à ces 3 jours diaboliques. Nous en reparlerons lundi prochain, alors que tous ces fêtards pathétiques auront repris leur vie monotone à la capitale.

Motoconcho, un job en pleine effervescence…

Ils font partie intégrante du paysage terrenarien. Et, imagine, ils sont plus de 450 à sillonner les rues du village sur leur précieuse mobylette ou moto objet de toutes leur attention.

Avant, dans les temps anciens, lorsque j’ai débarqué à LT, tout le monde pouvait être motoconcho, les très jeunes, les très vieux, les borrachos, les ladrons ou ceux qui les côtoyaient, ceux avec moto pourrie, ceux sans permis de conduire, encore moins d’assurance. En vingt ans les choses ont bien changé. Les motoconchos sont régis par un syndicat avec, à sa tête un président aux pleins pouvoirs. Actuellement, et depuis quelques années, c’est Orlando Gil Paulino qui en est le chef d’orchestre. Lui seul décide de l’incorporation d’un nouveau membre, après petite enquête de moralité et après avoir constaté que le véhicule indispensable à la fonction est en parfait état, fiable et assuré. Il est aussi responsable en cas de problème, d’accrochage ou de malentendu. Les motoconchos, les seuls habilités à offrir un service à la clientèle sont reconnaissables au petit «gilet » sans manche qu’ils portent sur leurs vêtements et sur la fiche de renseignements fixée sur leur poitrine. Y sont indiqués, les nom et prénom, téléphone et indispensable numéro de cédula.

On les trouve facilement à  chaque coin de rue, en maraude, circulant tout doucement, l’œil grand ouvert à la recherche du client ou à leur « gare » au Paseo par exemple.

Ils naviguent tout au long de la journée et souvent 7 jours sur 7 dans les rues de LT, mais pas que, ils peuvent vous conduire bien plus loin s’il vous en prend l’envie. Coson, Bonita, mais aussi Nagua, Limon, Samana… pas vraiment de limites. Lorsque vous vous adressez au concho il vous demande votre destination et vous indique le prix de la course pour que tout soit bien clair. Ce prix s’échelonne au village de 100 à 200 pesos. Evidemment, plus c’est loin, plus c’est cher, logique non. Quoi qu’il en soit ce mode de transport plutôt sécure est de loin le plus économique pour se déplacer dans le village. Bien entendu, il est courant d’être fidèle à son motoconcho que l’on contacte directement par téléphone pour venir vous chercher, recuperer vos enfants a l’ecole, ou effectuer pour vous une course, une livraison… vous ne pouvez pas imaginer tout ce qu’ils sont capables de transporter sur leur bécane, c’est ahurissant.

Une mane pour ces garcons courageux, Komida, la petite appli que l’on s’arrache recrute beaucoup de conchos pour effectuer ses livraisons. Tomi, Daniel, Carlos, Gary… ils sont toute une floppée ravie de l’aubaine. Un concho gagne entre 1000 et 1500 pesos par jour. A sa charge bien sûr le carburant de son véhicule, son entretien, ses réparations et son assurance. Au début de l’année devrait être mis en place un fonds de pension pour les conchos incapables de travailler pour cause d’accident, maladie ou autres et pour les plus âgés. A savoir que si les conchos doivent impérativement être majeurs pour faire partie du syndicat, il n’y a pas de limite d’âge.

Voilà, c’est avec Julian, mon jardinier a temps partiel et concho a plein temps depuis 2005 que nous avons effectué cette petite balade au pays des conchos, un job en pleine effervescence qui n’a pas fini de se montrer indispensable.

Les tribulations d’un toit de cana

Le toit en cana est une vraie gourmandise. C’est joli, exotique, il protège de la chaleur et dessous, il fait toujours bon vivre même en cas de température extrême… Contrairement à la légende, même s’il abrite des petites bêtes, elles s’aventurent très peu à l’intérieur, préférant batifoler dans leur nid douillet. 20 ans que je cohabite avec mon superbe toit. Bon, il est vaste, gigantesque, disproportionné. Il culmine à 8m50 de hauteur, vous imaginez la pente. Constitué de 2 pans à l’avant et 3 à l’arrière, il frôle les 500 m2. De quoi donner le tournis. Ca en fait des caballos de cana. Ben oui, le caballo est la mesure de la cana. J’ai oublié de combien de feuilles il s’agit… peu importe, il y en a beaucoup sur le toit du château de feuilles.

La dernière réfection entière de ce joli chapeau remonte à mars 2016. Puis, il y a eu quelques petites rustines par ci par là. Les ennemis de la cana demeurent les termites, sales bêtes qui grignotent tout, la charpente, les feuilles, la membrane de caoutchouc qui recouvre le bois à l’intérieur. La pluie. La jolie cana préfère le soleil, c’est son chouchou. Mais elle craint aussi les rameaux des arbres, les palmes qui la recouvrent parfois et j’avoue qu’au château de feuilles, des arbres et des palmes, il y en a partout, dessous, dessus et j’éprouve toujours le plus grand mal à les tailler.

Après les pluies diluviennes de la semaine passée et après m’être voilée la face et caché les gouttes d’eau sous des serviettes, je me suis rendue à l’évidence, le moment fatidique était arrivé, il fallait changer la cana. Poussée par je ne sais quelle folie, je me suis renseignée méticuleusement, prête à trahir mon toit de feuilles pour du synthétique. Sauf que non, il m’en coûtait quelques dizaines de milliers de dollars. Ce ne sera pas pour aujourd’hui. Penaude, je me suis excusée auprès de ma cana et j’ai contacté ce cher Riccardo pour commencer les travaux au plus tôt. Comment vous dire, plus de 20 ans que je travaille avec Ricardo. C’est une catastrophe au niveau organisation. Il n’est jamais sur le chantier et ses ouvriers, livrés à eux-mêmes passent plus de temps sur leur mobile que sur les clous et le marteau. Et puis il parle fort, ce qui effraie les chiens donc, il a peur des chiens…Du coup, j’ai employé un superviseur pour faire son boulot et canaliser un peu tous ses gens. Bon je dois reconnaitre que malgré ses défauts, Ricardo est un vrai pro. Il aime et est fier de son job.

Autre souci, mes 4 chiens, pas franchement obéissants et tellement habitués à baguenauder en toute liberté sur leur vaste terrain de jeux. Du coup, j’ai fait réalisé une jolie palissade en bambous tout autours du bungalow et l’on si confine eux et moi durant la journée de travail. Quel plaisir le soir à 5h pile d’ouvrir la barrière et de retrouver nos pénates.

Voilà, nous en sommes au jour 6. Pour éviter de tourner complètement folle, je ne les ai fait travailler que lundi, mardi, mercredi et jeudi. Repos de vendredi à lundi et hier rebelote. Avec un peu de chance et si le temps reste conciliant, tout devrait être terminé jeudi soir…. Enfin terminé après c’est une autre histoire. Vu l’état des lieux, il va me falloir longtemps, longtemps pour tout remettre d’aplomb et retrouver un semblant de propreté dans mon Château de feuilles.

Le carnaval des fous

Cette année, j’avais décidé de fermer mon bec. D’abords parce que après le départ de Mimi, plus rien ne me touche, ne m’atteint… tout me semble insignifiant, tellement moins grave…

Mais quand même, un regret, tout petit le regret, et puis vous êtes nombreux à me demander, et alors, cette semaine sainte… Alors voilà. D’abord, de Fête des fous, elle est passée cette année au titre suprême de Carnaval des fous. Des milliers de trublions se sont abattus sur Las Terrenas pour y semer un désordre indescriptible. L’idée, faire le plus de bruit possible. En criant, en roulant sans pot d’échappement en tout cas sans silencieux, vite, le plus vite possible, faire vroom, vroom, ca fait viril.

Sur la plage, des structures géantes et de l’alcool à foison pour créer l’ambiance. Mais des boites à musique géante, nulle musique, mais des sons étranges, des borborygmes inquiétants, des cris effrayants, des onomatopées lancinantes, affligeantes, les décibels au paroxysme à tel point que plus d’une fois des alarmes de surveillance se sont déclenchées dans le voisinage. Bref, mon château de feuilles, a quelque 100 m de ce tintamarre a eu bien du mal à résister. Je vous passe le trafic incessant devant le portail. Sachant que ce chemin le long de la plage ne mène nulle part qu’à une impasse, il est troublant de constater que des milliers de véhicules, tous plus bruyants les uns que les autres se sont évertués, de jour comme de nuit, 3 jours durant à emprunter encore et encore ce chemin, y faire demi-tour puis revenir et faire demi-tour… et revenir.

Bref, cette année 2023, ma 21ème Semana Santa (par respect pour la religion, ne devrait-on pas en changer le nom) fut la pire de toutes. Mais ca y est, aujourd’hui, dimanche de Pâques, les envahisseurs retrouvent leur triste pénates et demain, loin du boum-boum hypnotique de la plage de Las Terrenas, ils reprendront leur triste vie, rêvant déjà à l’année prochaine où le temps d’un week-end sordide, ils chevaucheront leurs motos, quads, drugster, une amazone à demi nue sur leur monture.

Joyeuses Pâques à tous.

L’impuissance face a Fiona

Au début, tout au début on se dit, parce que l’on nous dit… non, pas ici, les cyclones ne s’avisent jamais de passer en République Dominicaine ou bien c’était il y a bien longtemps. Heu.. pas si longtemps, j’ai connu Jeanne qui a inauguré la destruction de mon Château de feuilles il y a pile 18 ans… Mais cependant, on veut y croire… y croire de toutes nos forces…il y a le canal de la Mona puis la montagne puis tout ça…
Puis la bete approche, les yeux rivés sur les cartes météo, on voit bien le gros phénomène menaçant, pernicieux, insolent, nous narguant de toute la force de sa puissance délirante. Alors on s’agite un peu, on coince les volets récalcitrants, on range les objets les plus volatiles, zut j’ai oublié mon pauvre parasol… on retire les jolis voilages, on décroche les tableaux , les miroirs de la terrasse. On entasse les chaises et rentre les fauteuils, les canapés, les coussins. La maison est toute remplie d’objets hétéroclites et les chiens très surpris s’en donnent à coeur joie, sautant d’un fauteuil à l’autre et se lovant dans les coussins.
C’est pour bientot. Plus d’échappatoire, elle passera bien sur notre tête, ébouriffant au passage nos pauvres toits de cana et les palmes de nos cocos. Alors, on s’enferme, on part se coucher, du bleu au coeur et on se réveille aux premières rafales, on se recouche, 5h30 debout. Ca commence a souffler, déjà. Juste le temps d’un petit pipi pour les chiens, pas franchement rassurés et zou, on se confine tentant de guetter par les clayettes. Le temps passe et l’on commence à entendre des bruits furieux, inquiétants. Bing, la luz se fue… heureusement mon bel amour de planta a pris le relais, elle ne savait pas qu’elle allait bosser 4 longues journées…
Paf, un bananier…. puis un autre, un autre, un autre….crac un cocotier au milieu de jardin… il est 10h et ça s’affole dehors. Le toit a pris un coup et la pluie s’invite dans la cuisine… du coup le frigo court circuite et l’on se prend des coups de jus à chaque tentative d’ouverture de porte. Bamboo (ma petite chienne) adore, elle fait la folle dans cette piscine cocasse, totalement improvisée, sous les yeux hagards des 3 autres toutous plus raisonnables. Aie la cana de la terrasse en a profité pour s’envoler… il pleut fort et cette fois l’eau s’invite partout ou presque. Dehors, devant, derrière le vent souffle comme un forcené, les cocos s’agitent dans tous les sens . Leur petite houppette de pencas fragilisées se tord, se désaxe, se renverse. Puis, soudain, un fruit d’enfer, deux énormes palmiers siamois (et oui ils partagent le meme socle de racines) s’affalent sur la piscine profitant sans vergogne d’un petit bain rafraichissant dans une eau, carrément vert fonce.
Ca fait beaucoup, je commence à craquer, à me demander jusqu’ou ca va aller. Je pleure ou je fais la fière? Les deux mon capitaine, les nerfs lachent. Midi et demi, accalmie, le fameux oeil du cyclone… pas longue l’accalmie, 10 minutes plus tard Fiona, terrible ouragan reprend des forces et s’acharne de plus belle sur nos pauvres tetes…
Puis, le vent s’apaise, la pluie se calme, avec précaution je déverrouille une porte, jette un oeil horrifié. Un carnage. Des arbres morts, arrachés ou cassés de partout, pas un cm carré épargné. Je ne peux pas aller bien loin mais c’est suffisant pour prendre conscience de l’étendue du désastre apres12 heures d’angoisse intense.
C’est le soir, rien d’autre à faire que tenter de se coucher et dormir… demain sera un autre jour.

Impressions… merci Bruno R.

J’ose esperer que Bruno R, cet amoureux inconditionnel du LT d’avant pardonnera mon audace. Ce post est si beau et si savoureux que je n’ai pas pu m’empecher de vous le faire partager. Il nous raconte sa decouverte du village, nous rappelle des souvenirs plus ou moins heureux. J’adore, merci Bruno.

 »J’ai bien connu il y a un peu plus de 22 ans quand je suis arrivé ici pour la première fois afin de retrouver deux parents, dont je me demandais où ils s’étaient bien exilés. Le premier est le frère ainé de ma défunte épouse Carole, le bien nommé Gabriel Turquois, officiant toujours dans l’immobilier au Paséo.

Le second est mon cousin germain cannois Dominique Bernard (la toute première Cave à Cigares du Paséo) avec son épouse Ysabel qui de son côté a créé NativeArte, jolie boutique d’artisanat et de bijoux de l’époque, face à Codetel et ses 8 cabines téléphoniques. La boutique est toujours là, mais a changé d’univers.

Eux sont partis il y a 15 ans. Dominique (look très Buffalo Bill) me disant que c’en était trop et que Las Terrenas était devenu New York. Certes. Quand ils sont arrives, les troupeaux de vaches descendaient la piste qui est aujourd’hui la Calle Principal et tout le monde s’allumait à la bougie et/ou fonctionnait avec des bouteilles de gaz. Autre époque.

Pour ceux qui les auraient connus, ils doivent certainement le savoir, car mon cousin communique beaucoup, ils sont maintenant installés au Maroc à Essaouira.

En ce qui me concerne, la dite calle Duarte (la Principal) était goudronnée quand je suis arrivé cette première fois. La France et des français étaient également venus construire la route qui relie Samana en passant par El Limon.

Le reste étant un entrelac de pistes toutes plus ou moins cahoteuses et surtout très chaotiques, ou circulaient quasi exclusivement des quads (chacun en disposait d’un) et quelques mobylettes Honda qui venaient de La Vega.

En revanche l’électricité, symbole de développement, était bien arrivée et bien utilisée. L’opérateur Codetel avait même mis en place un réseau internet ADSL, quasi en avance sur la France et ses campagnes.

Nous avions donc des ordinateurs.

Quelle époque épique dirait la commentatrice de FIP.

Les pistes étaient toujours là.

La capitale était toujours à 6/7h00 de route en passant par Cotui, San Francisco de Macoris, puis enfin Sanchez et sa grimpette à virages serrés, sans parler des nids de poule, pour arriver jusqu’en haut de la loma qui surplombe Las Terrenas, invisible à l’œil nu, cachée par l’une des plus grandes palmeraies au monde, plus de 60 km le long de la péninsule de Samana, côté Atlantique.

Isolée, quasi-inconnue au monde, Las Terrenas commençait à offrir à ses habitants un début de confort moderne, et la possibilité d’être connectés avec le monde entier.

Quelques premiers grands travaux sont entrepris. Terrassement du Golf qui devait rapidement voir le jour au bout de Las Ballenas, quelques constructions en dur avec 1 ou 2 étages par-ci par-là, jusqu’au cyclone tropical Jena la Loca du jeudi 16 septembre 2004 qui contrairement à toutes les hypothèses et prévisions, a traversé le pays de sud en nord pour passer pile au-dessus de Las Terrenas la nuit du 16 au 17, à partir de 21h00 avec le coeur du cyclone à 1h00 du matin, puis reprise une heure plus tard jusqu’à 5h30/6h00 du matin.

Ce ne fût qu’un petit cyclone de force 2/3, mais le village a été ravagé, privé d’électricité et par voie de conséquence d’eau pendant plus d’un mois. Seuls s’en sortaient pas trop mal tous ceux qui disposaient d’un groupe, mais ils étaient rares à l’époque.

La solidarité dont ont fait preuves tous les habitants du village a été exceptionnelle.

Et c’est dans l’adversité que l’on a vu la communauté dominicaine et celle des étrangers relever leurs manches telles un seul homme, pour remettre tout le village sur pied en moins de 2 mois de temps.

En revanche, seules les années futures ont permis de guérir au fur et à mesure les cicatrices béantes qu’a laissé Jeanne la Folle sur son passage, savoire la totalité des bananiers désagrégés, disparus de la surface de la péninsule de Samana, et tous ces palmiers à terre, 1 sur 3, offrant de ce fait une nouvelle visibilité traversante de beaucoup plus loin. Il faudra des années pour se débarrasser de tous ces palmiers allongés à terre, foudroyés en pleine vie, et en replanter quelques autres nouveaux, seulement par-ci, par-là, en priant pour que mère-nature y mette du sien.

En 2022 et depuis longtemps maintenant je crois, il ne reste plus aucun témoignage naturel et visuel de cet épisode qui aura marqué ceux qui l’ont traversé.

Je repense néanmoins au Cayuco qui avait perdu son toit. Dont la moitié était dans ma piscine du Casa LARIMAR derrière l’Atlantico de Sergio et de la Petite École de français d’Henri.

Souvenir de tous les regards hagards de chacun au cours de cette journée du vendredi 17 septembre 2004, personne de près ou de loin n’ayant pu échapper à la tragédie, pas un seul toit en Cana n’ayant pu résister à la violence des vents et disparu au cours du cyclone.

L’eau de la pluie et des orages déchaînés ensuite finit par détruire le coeur de toutes les petites habitations du village qui n’avaient plus de toit.

Je reprendrai la suite de l’histoire ultérieurement, pour faire le parallèle entre comment c’était quand j’ai dû quitter Las Terrenas en 2007 et comment c’est devenu quand je suis revenu l’an dernier en 2021.

Quel Choc ! et quel Bonheur ! »

Bruno R

Huit jours plus tard… ouf… et ma p’tite famille dans tout cà…

Je ne vais pas en remettre une couche mais ouf que c’est bon le silence… il me semble que la semaine suivant la folie de la Semana Santa est la plus jouissive de l’année. Tout nous semble beau et serein… d’accord, au vu des méchants, voire haineux posts à mon encontre, force est de constater que 90% des résidents ou étrangers d’ailleurs, qui se mêlent de quoi ceux-là… adorent ce bordel sans nom et cette vulgarite latente. Pas moi ! Non pas tant la musique qui ne perdrait rien de sa festivité un poil moins fort mais cet incessant vroom vroom des quads et autres motos, mobylettes, buggys saturant de leurs moteurs insensés nos ruelles d’ordinaires si tranquilles. Je haie cette période et le clame haut et fort.

Ceci dit. Point final jusqu’à l’an prochain.

Tout un tas de bouleversements ont entaché ma vie ces dernières semaines avec notamment l’horrible tristesse de la perte de deux de mes chiens adorés à quelques jours d’intervalle et la découverte d’une maladie chez mon beau Léo… Du coup, comme d’habitude, pas vraiment le cœur à vous raconter de jolies histoires. Ca va mieux, en partie grâce à l’arrivée de la jolie Bamboo. Bamboo c’est un bb tout doux, tout sage, un amour de bb dont les cris et ceux de ses 10 frères et sœurs ont bercé mes jours durant un bon mois. Bamboo était ma voisine avant de devenir ma petite fille… Elle est juste le plus craquant des petits chiots que j’aie pu côtoyer. Donc, elle m’a remis du baume au cœur et je peux enfin vous raconter la fin de vacances de ma ptite famille, Mylène, Thomas, Elliot, Tess et petit Raoul.

Les vacances s’achèvent cette fois, non sans angoisse. Figurez-vous que petit Raoul, d’habitude collé à son papa Elliot est tombé amoureux de la délicieuse chienne de la voisine. Lisa, c’est son nom et, il faut dire que de mémoire de chien de coco, c’est la plus jolie petite chienne de coco du monde. En tout cas pour Raoul. Tout doucement, en catimini, le petit amoureux transi s’est échappé de la maison, s’est glissé délicatement à travers un trou, tout petit trou dans la haie mitoyenne et s’est jeté dans les bras de sa belle. Une belle histoire d’amour était sur le point d’éclore. Alors qu’une balade en kayak était programmée pour terminer ces vacances en point d’orgue, nos quatre amis sont partis à la recherche de leur petit trésor. Des heures durant, ils ont arpenté la plage à gauche, à droite, ils ont même demandé l’aide d’Alphonso, un gentil moto-concho… rien, pas l’ombre de Raoul. Puis soudain, alors que le moral était en berne et que les larmes emplissaient les yeux de nos amis, la gentille voisine est apparue sur le pas de leur jardin le long de la plage avec dans ses bras un petit Raoul pas vraiment repenti, mais quand meme vite inondé de bisous doux.

Voilà tout est bien qui finit bien. Je retrouve ceux qui sont devenus des amis pour un dernier brunch gargantuesque, histoire de papoter une dernière fois, curieuse de savoir ce que Las Terrenas a représenté pour eux.

Bien sûr, la beauté de ces plages quasi désertes et la douce chaleur de l’océan, ces milliers de cocotiers et cette végétation inouie emportent tous les suffrages. Mais pas que. Ils sont unanimement tombés sous le charme des habitants du village, séduits par leurs larges sourires et leur joie de vivre. Surpris que parmi cette population souvent démunie, personne ne mendie et assaille les touristes. Une belle lecon de vie. Bien sûr, ils garderont longtemps le souvenir du village, de ses échoppes brinquebalantes, de ses odeurs et de ses bruits multiples. De ses étals chargés de fruits et de légumes gorgés de soleil, de ses boutiques aux couleurs acidulés, de ses guaguas, de ses petits marchands de fruits, de paniers, de montres… jamais envahissants et toujours souriants. Mais plus que tout, c’est cette douceur de vivre en belle harmonie, tous ensemble, autochtones et gringos, jeunes et anciens qui les a profondément surpris. Rendez-vous est pris pour d’autres vacances, un autre sejour-bonheur. Trois semaines cette fois et à une autre période, histoire de se convaincre, si besoin est, que, ben oui, c’est ici le paradis.

Ma p’tite famille…c’est tout moi ca…

Ben voilà, avec tout ce qui m’est tombé sur le museau ces derniers temps, j’ai abandonné ma petite famille au milieu des Haitises… Faut dire que j’en ai bavé… ordi détruit par une pluie insidieuse, tout droit venue d’un trou dans le toit de mon château de feuilles, la mort de Tatoo, là c’était très douloureux et ca l’est encore, puis convulsions intempestives de mon beau Léo, prise de sang, foie démoli… Ca fait beaucoup à encaisser en si peu de temps…. Ajoutez à cela le bruit insupportable de la maison de location sur le flanc droit du château de feuilles … d’abord une famille francaise avec ados muant et criant comme des animaux malades… 2 semaines. Puis une famille d’hystériques américains composée d’adultes fadas et de mômes, plein de mômes, ne s’exprimant qu’en criant, cette fois comme une famille de singes fous en danger… 1 semaine… L’horreur et un climat peu propice à raconter de belles histoires.

Ca va, Tatoo me manque toujours autant même si je ne pleure plus 24h sur 24, Léo se comporte comme un gros toutou en pleine forme, j’ai un nouvel ordi et depuis 1 semaine la location du flanc droit est inoccupée… Ouf. Profitons-en, ca ne va pas durer.

Donc, ma p’tite famille jolie a adoré son escapade enchantée en compagnie de Nicolas à la découverte des Haitises. Le séjour touche à sa fin, encore quelques petites journées à buller sur le sable, plonger dans l’océan, une petite balade en kayak pour demain ou le jour suivant… Aujourd’hui, ils profitent d’un temps plus maussade pour retourner au village et découvrir les boutiques francaises ou européennes dont je leur ai vanté l’originalité et la qualité.

 Et la découverte commence tout naturellement par la si jolie boutique du Paseo de Babette et Jean-Paul Terrenas en Plata. A peine poussée la porte de cette fascinante boutique, les voilà plongés dans l’univers exquis de mille et un délicieux bijoux de créateurs d’ici et d’ailleurs qui se disputent la vedette à qui mieux mieux. Chaque modèle est unique, sage ou terriblement audacieux, ils marient à l’infini le cuir au corail à la belle nacre, les perles au jean, la plume à l’argent, aux pierres précieuses ou semi-précieuses comme le rubis, le jade, le lapis lazuli. Il y a les créations originales griffées de grands noms de la bijouterie contemporaine, et puis il y a toutes ces petites merveilles, pendentifs, breloques, tongs, étoiles de mer, dauphins ou dollar des sables…, et de délicats bijoux en larimar, ambre, corail, perle… en argent, en cuir…. sélectionnés un par un par Babette et Jean-Paul lors de leurs périples à la recherche du beau.

Corrybyb Mahona. Le bonheur à l’état pur. Une parenthèse douceur aussi lumineuse que le sourire de Béatrice, la maîtresse des lieux. Loin des sentiers battus, elle met en scène des objets déco, singulier ou pluriel racontant tous une belle histoire, celle de l’empathie et du partage, 100% made ici. Sortis de l’imaginaire de cette décoratrice renommée et façonnés avec soin et beaucoup de passion sur place, ils s’offrent à nous sans ambages et nous entraînent dans un monde naturel et doux. Bambou, fibre végétale, corde, palmier, rotin, coquillage, bois flotté, graines… se transforment comme par magie, mais après un travail parfois long et minutieux en suspensions aériennes, appliques stylées, corbeilles généreuses, chapeaux bohèmes, confortables paniers, sublimes colliers papous, embrases romantiques en oursins blanchis… dans des tons blanc, écrus, poudrés. Plus belle que jamais, celle qui pour notre plus grand plaisir a renoué avec sa passion de la décoration, évolue dans ce subtil écrin, véritable havre de paix, prodigue un conseil à ses artisans, redresse un chapeau, déplace un panier, corrige le tracé d’un dessin… sans se départir de son éternel sourire… et c’est juste un bonheur de l’admirer au milieu de son monde tout en douceur, peuplé de tendre couleur, motif, matière… délicieux prétextes pour faire vibrer notre intérieur aux doux accents de la Caraibe. Et puis, Corrybyb Mahona c’est aussi une délicate ligne de bijoux signée de la maîtresse des lieux. Depuis toute petite, Béatrice rêvait de créer des bijoux, elle en dessinait de partout. Elle met aujourd’hui sa fougue au service de sa création et c’est une totale réussite. C’est avec soin qu’elle choisit ses perles, ses pierres semi-précieuses en provenance directe de Turquie ou d’inde comme ces superbes agates aux pouvoirs mystérieux. Elle imagine, assemble pierres, perles et coquillages, sertit l’ensemble dans de l’argent et nous offre les plus ravissantes des parures.

Un peu plus loin, dans le village, Mylène, Thomas, Tess, Elliot et Raoul s’apprêtent à découvrir l’autre incroyable endroit déco de Las Terrenas. Laksmi Shop. Lorsque l’on en franchi le seuil, cet endroit plus que magique, nous transporte tout droit dans des contrées lointaines proches des Mille et une Nuits. L’Orient dans toute sa splendeur s’est invité dans ce bazar-câlin, ce délicieux fouillis organisé par Josée, la maîtresse des lieux. L’espace d’un moment hors du temps, il suffit de se laisser guider par toutes les douces merveilles qui nous y attendent et l’on s’évade en un clin d’oeil pour un voyage initiatique vers l’Inde majestueuse ou l’Indonésie, Bali, ses habitants sublimes et les lagons paisibles. Chaque année, Josée s’envole pour un périple de plusieurs mois vers ces lieux emblématiques dont elle est tombée amoureuse il y a bien longtemps. Elle en revient chargée de souvenirs et suivie de près par un container aux merveilles, rempli à ras bord de trouvailles raffinées, un brin kitch parfois ou ultra-romantiques, très tendance. L’originalité est de mise, tout est permis, on aime les vieux meubles customisés, décorés, pailletés, on craque pour les teintes flamboyantes et les étoffes riches aux reflets chatoyants pour métamorphoser un environnement pâlot. Place à un arc-en-ciel coloré plein de chaleur et à la gaieté dans le quotidien. Le rose, le rouge, l’orange, le violet, le jaune safran sont à l’honneur pour des combinaisons audacieuses. Inhabituelles ? Qu’importe ! La gaieté est toujours au rendez-vous. On ne lésine pas sur les teintes dorées, argentées, il faut que ça brille.

Ravis de leur shopping-bonheur, nos amis, les bras chargés, reprennent le chemin de la plage. En route, les yeux plein d’étoiles, ils papotent avec un enthousiasme non feint de toutes ces merveilles inespérées dans un si petit village et refont et refont encore à l’aide de mots colorés leur trajet, histoire de ne rien oublier.

Ma p’tite famille…sequence emotion aux Haitises.

Après leur immersion-bonheur dans l’âme du village qui les conforte dans le plaisir intense d’avoir choisi cette destination si différente, Mylène, Thomas, Tess, Elliot et Raoul aspirent à présent à en découvrir encore plus. Ce matin, après l’incontournable plongeon dans l’océan et le petit-dej. toujours aussi copieux mais bien plus matinal de Miguel, les voilà en route pour les prestigieuses Haitises. Dérogeant à sa règle, Nicolas a accepté de leur accorder une visite privée de ce lieu envoûtant dont il est, indéniablement l’un des plus fervent passionné.

Encore sous le coup de l’émotion, Ils nous content leur expérience.

C’est en minibus très confortable que nous prenons la direction de Sanchez en compagnie de Nicolas qui, tout au long du trajet nous régale d’anecdotes savoureuses sur ce lieu si mystérieux. En aparté, le paysage, le long du chemin, est juste fabuleux. Et, même si parfois, vu l’étroitesse de la route, on n’est pas vraiment rassurés, on en prend plein les yeux. Arrivés à l’embarcadère, nous grimpons dans un petit bateau plutôt étroit qui se faufilera, en catimini dans un décor féérique. Raoul n’est pas franchement rassuré et comme à son habitude, il trouve refuge sous le T-shirt de son papa.

Nous voilà partis pour l’aventure. Une visite en profondeur et en délicatesse sans se bousculer, sans se presser, en prenant le temps d’observer de questionner, de comprendre l’âme de ce lieu si précieux, là où tout a commencé. D’emblée, cet endroit rappelle la Baie d’Halong au Vietnam, souvenir d’un autre fabuleux voyage. Des centaines de petits îlots, une mangrove généreuse peuplée d’audacieux mini crabes curieux qui caracolent sur les racines géantes des palétuviers, puis l’île aux oiseaux, repère de centaines de pélicans, hérons, perroquets, hiboux, sternes, majestueuses frégates…Empreint d’émotion, envoûtant, merveilleux et troublant, le parc national Los Haitises qui signifie terre vallonnée en Tainos, est le véritable joyau caché de la péninsule de Samana, voire de la République Dominicaine. D’une superficie de plus de 1600 m2, c’est aussi le terrain de prédilection de Nicolas qui nous conte avec fougue, tout en naviguant au milieu de paysages extravagants, l’histoire des indiens Tainos qui vivaient là, il y a des centaines d’années. Leur habitat, de fascinantes grottes conservent l’empreinte de leur passage sous forme de pétroglyphes et autres peintures rupestres.  On voudrait que cette balade dans l’autrefois dure toujours. Et pour clore ces instants riches en émotion, apéro et déjeuner gourmand sur la plage, dans un restaurant privé, juste à côté de la si jolie maison des gardiens du parc. Une belle aventure, un moment hors du temps dont on se souviendra longtemps.

Ces belles images proviennent du site de Nicolas, Flora-Tour. Tout au plaisir de notre superbe balade, ben oui, nous en avons oublié de prendre des photos. Encore merci Nicolas pour cette parenthèse enchantée.