Je n’ai pas vu le temps passer. Il y a un mois on m’appelait la nuit… ‘’il n’est pas bien, venez demain’’. 6h du matin appel à Fey, mon taxi, appel à Alphonso pour garder les chiens, appel à douce Nicole pour décommander notre rendez-vous de l’après-midi, histoire de lui faire connaitre les chiens qu’elle devait garder demain…. 7h départ inquiet pour la capitale… La circulation est fluide, on arrive à l’hôpital à 9h. Direction 2e étage, soins intensifs. Il fait froid, je grelotte, de froid mais aussi de peur, un sale pressentiment. Je sonne. Je patiente, je resonne et l’on me fait entrer. C’est pourquoi… Je viens voir Michel Voleau. Et là le monde s’est écroulé…’’ murió esa noche’’. Et je suis morte moi aussi…
Mais pas le temps de mourir… pas même le temps de respirer à travers les sanglots qui me secouaient… Mon Mimi était mort, pour toujours et je n’avais pas le temps, pas le droit de pleurer… il fallait remplir de putains de papiers…
C’en était trop pour moi, je claquais la porte et retournais dans le corridor glacé. Puis j’appelais les enfants. Inutile de parler ils avaient compris. J’étais désemparée, tremblante, incapable de me tenir debout, de parler de facon cohérente. Puis mon sauveur est arrivé. Fernando, le père de la petite fille de Mimi comme il aime à dire. Il m’a littéralement soulevé, pris dans ses bras, pris par la main. Dans un état cotonneux je l’ai suivi, partout. Service facturation (en tout premier bien sûr), puis chez lui pour faire des centaines de photocopies, puis le terrible Blandino, les pompes funèbres locales… on y est restés de longues minutes. Fernando s’est occupé de tout… Puis retour à la case départ, soins intensifs pour un second certificat de décès, le premier étant truffé de fautes… Je n’ai pas voulu revoir celui qui a partagé ma vie durant 13 ans. Mon compagnon, mon ami, mon amour, mon petit enfant aussi et le papa de mes chiens. Sous le drap fleuri qui le recouvrait, il semblait une toute petite chose toute fluette… si triste. Je me suis échappée avant l’arrivée des personnes mandées par Blandino pour récupérer le corps… Juste impossible à imaginer. Abandonnant là le pauvre Fernando je me suis engouffrée dans le taxi pour vite retrouver mes enfants à quatre pattes et notre château de feuilles si différent sans lui. Mais comment allais-je expliquer son absence à mes quatre toutous. Je savais que les jours qui suivraient allaient être cruellement douloureux…. Mis je ne savais pas à quel point.
Pas gai ce papier, pas gaie ma vie, pas gais les toutous, triste notre château de feuilles… mais bientôt, promis je vous dirai notre vie, sa vie.
Des centaines de personnes m’ont soutenue et parmi tous les témoignages d’amitiés, deux réflexions si vraies. L’une de son cousin Etienne, loin de nous mais proches dans son cœur. ‘’Mais Michel c’était le rêve, il avait fait de sa vie un terrain de jeu gigantesque, ludique, sans aucune contrainte, tous ses potes, tous ses cousins l’enviaient…’’. L’autre émane d’un artiste qui l’a peu connu mais bien cerné, Jean Philippe G. ‘’Michel c’était la liberté’’.
Oui, une liberté qui a fini par le tuer. A force de vivre sa liberté, il a brulé la ficelle par les deux bouts ou plutôt ses cigarettes par les deux bouts. Son pauvre corps était épuisé mais, chanceux comme il l’était, il est mort en paix, sans souffrir et sans savoir.
Avec les enfants, nous sommes allés éparpiller ses cendres dans l’océan, face à son Syroz et là, je suis morte pour la seconde fois.
Je me permet seulement maintenant de te prende dans mes bras et de te donner toutes mes ondes positives que je peux…bisous doris…courage…il n y a que le temps pour soulager une telle douleur …mais je sais tellement que ces mots sont surfaits…que je ne sais que dire ou faire….
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Josee, merci, les mots sont vains mais de belles pensees comme la tienne aident a survivre. Je t’embrasse.
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Je me lève en Provence, et je lis ton mot, tes mots… tes maux ! On ne se connait pas, et pourtant. J’ai ressenti ta peine, ton chagrin, l’impression de t’en soulager un peu en t’en enlevant quelques grammes.
Le temps est un « essuie-tout » fabuleux, un papier absorbant qui sélectionne les mauvais moments et les défauts pour ne laisser sur la table que le bon, les beaux souvenirs des instants vécus auprès de lui. Le temps seul, saupoudré d’une pincée de paix, permet d’avancer sereinement.
Normalement de retour sur Bayahibe courant ou fin décembre, je viendrai voir des amis à LT dans les jours qui suivent. Je ne manquerai pas de lancer un baiser à ton Michel en regardant l’océan, les pieds tanqués dans le sable, lui souhaitant « bon vent »… Quant à toi, Doris, peut-être nous rencontrerons nous, peut-être pas, peu importe, tant que la paix s’invite à tes côtés et à ceux de tes amis à 4 pattes. Je t’envoie de belles et douces pensées de Provence. Carol.
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Merci Carol. Periode cruelle et oui, je sais seul le temps apaisera la douleur.
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