L’après….

Après avoir détaché nos liens, nous nous sommes dirigés vers la route, pieds nus et l’allure pas très nette d’une nuit pour le moins agitée. Les automobilistes qui nous croisaient, peu rassurés par notre aspect ‘’négligé’’ prirent bien soin de ne pas s’arrêter. Enfin une maison, des habitants moins craintifs et ce monsieur, serviable qui nous conduisit en auto jusqu’au poste de police. Malheureusement, il était encore fermé et, nous dûmes patienter un long moment avant de voir se pointer l’ombre d’un agent.

Après lui avoir exposé les faits, passé un peu d’eau sur le visage et bu un pas trop mauvais café, nous attendîmes la venue de deux policiers chargés de nous reconduire à Trancoso, à quelque 160 kms de là. Le trajet fut interminable le long de pistes chaotiques. Luc, le consul honoraire que nous ne connaissions pas encore nous attendait à la gendarmerie de Trancoso. Sa rencontre fut le seul point positif de cette dure période. Nous ne le remercierons jamais assez pour son aide. Il nous raccompagna à la maison où nous attendait le jardinier qui nous apprit que les chiens s’étaient enfuis, probablement à notre recherche et qu’il avait eu beaucoup de mal après qu’ils soient rentrés au bercail, à les approcher. Et, en effet, en les voyant je compris tout de suite que quelque chose clochait. Ils étaient incontrôlables, se battaient entre eux et ne laissaient approcher personne d’autre que Michel et moi…. Le lendemain, dépôt de plainte au poste de police de Porto Seguro et début d’un long calvaire.

Les chiens

Finies les courses folles dans l’eau du rio, ils étaient devenus craintifs donc agressifs et dangereux. A la moindre excitation, ils se battaient au sang. Je me souviens de Coca et de son trou béant près de la gorge, on pouvait y enfoncer le poing. Par chance, parfois il y en avait encore un peu de la chance, la vétérinaire était au top et à force de me voir avec mes éclopés presque chaque jour, on avait vraiment sympathisé. Plus personne ne pouvait entrer sur la propriété, je devais les mettre en cage à chaque venue du jardinier ou de l’électricien chargé de nous installer une alarme tout autour des maisons.

La vie

Dès le lendemain de l’agression, nous avons fait installer un système d’éclairage dans le jardin ainsi qu’une alarme. Les chiens presque d’eux même s’étaient répartis pour leur garde nocturne. Sur le balcon 3 cages de transport où 3 d’entre eux somnolaient tout en surveillant le terrain et les 5 autres dormaient au pied et sur le lit. La clef de la serrure réparée, nous ne manquions plus jamais de la fermer à double tour. Mais les nuits, malgré tout, malgré la batte de base-ball et les couteaux cachés sous les oreillers, étaient angoissantes… Rien ne serait plus jamais pareil et pourtant à ce moment-là, pas question de partir. D’abord notre maison de LT était louée à défaut d’être vendue et puis je n’avais plus les moyens de louer un jet privé à 100000 dol pour mes chiens, pour repartir d’où l’on venait…

Environ 3 semaines après les événements, coup de fil de la police, ils avaient retrouvé notre voiture…. Au volant le chef de la bande avec son superbe tatouage dans le dos et sur le siège à côté de lui, mon sac et tous mes bijoux sauf une ou deux babioles…. Les voyous s’étaient échappés de prison et le pauvre idiot de chef s’est fait prendre lors d’un banal contrôle de police alors qu’il n’avait toujours pas de permis. Mais tout n’est pas toujours bien qui finit bien….

Quelques jours plus tard, je devais me rendre à Porto Seguro, direction Police fédérale pour prolonger mon visa qui au départ n’est valable que 3 mois. Normalement, de mémoire d’avocate, aucun souci, le visa est prolongé automatiquement de 3 mois pour les ressortissants français…. Sauf que cette fois, en ce qui me concerne, ce fut NON…. Paniquée, je demandais en anglais à mon interlocuteur…. Mais qu’est-ce que je vais faire…. Il m’a répondu retourne chez toi….

Il faut dire, mais ça je ne l’ai vu que plus tard qu’au Brésil, dans chaque bureau fédéral ainsi que dans les aéroports de sympathiques écriteaux précisent, ce n’est pas parce que vous êtes propriétaire au Brésil que vous que le droit d’y rester… En plus de vivre une vie de merde, paniquée dès que la nuit se pointe, je suis persona non grata, immigrée clandestine sans papier. Ca commence à faire beaucoup.

Des événements troublants

Si je réfléchis bien, il y a longtemps que j’aurais du me rendre compte qu’au Brésil j’étais persona non grata. Avant mon départ déjà, quand à la dernière seconde mon avion du faire escale à Salvadore, augmentant considérablement le coût, puis ce fut la panne de courant inexpliquée à la tour de contrôle durant des heures sans parler de l’accueil des policiers de l’aéroport qui voulaient me mettre en prison faute de billet retour… La découverte de la maison entièrement saccagée par l’ex propriétaire, l’accident des livreurs d’électro-ménager, du couvreur, de l’électricien…… mes jambes déformées, bouffées par des milliers d’insectes plus voraces les uns que les autres, l’agression et puis …. nous apprîmes qu’une petite fille avait été assassinée ici même dans ma maison l’année passée…. Et ce n’était pas fini.

Côté LT par contre, bonne nouvelle, les locataires qui avaient un bail et que je ne pouvais pas chasser de chez moi m’envoyèrent un message me disant qu’ils étaient désolés mais ne pouvaient plus rester chez moi. Ils quittaient donc la maison en juillet. Ils s’attendaient à une réplique virulente de ma part alors que j’étais aux anges. Ca a fait clic dans ma tête, la décision était prise, on rentrait à la maison.

Avec l’aide de Luis un ami de Santo Domingo et de Luc, le consul honoraire, nous réussîmes à organiser le retour des 8 chiens par une société spécialisée. La date du départ fut fixée…. Je commençais à empaqueter tout, prête à abandonner cette folie…. C’était compter sans le sort qui s’obstinait sur nous… l’interlocuteur de ladite société en charge du rapatriement de mes chiens à Rio est mort subitement…. Le départ fut retardé…. Mais le jour arriva enfin où je montais dans un taxi avec 90 kgs de bagages. Mimi restait encore une petite semaine histoire de régler quelques derniers détails. Les chiens étaient tous partis. Chaque nuit, en compagnie de Luc, Michel en avait conduit un à l’aéroport de Porto Seguro à 2h d’ici….

Puis, j’arrivais à Santo Domingo, le plus beau jour de ma vie. GG m’attendait à l’aéroport, le soir nous avons récupéré 4 chiens et le lendemain les 4 suivants. Tous heureux comme jamais de me revoir puis de revoir leur maison.

Mimi est arrivé la semaine suivante. Enfin, nous étions tous chez nous et, juré nous n’en partirons plus jamais.

Depuis, j’aime encore plus ma maison, mon jardin, d’ailleurs, demandez autour de vous, je ne la quitte pratiquement jamais.

3 ans plus tard la propriété de Trancoso a été vendue avec l’aide inestimable d Luc…. Non sans au préalable avoir en partie brûlée…  mais oui ce n’était pas fini….

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